Longue randonnée dans les splendeurs de l’arrière-pays Charlevoisien
À l’été 2020, je pensais voyager quelque part dans le monde pour aller faire de la randonnée. Nous avons dû visiter notre Québec! Avec le recul, je suis très contente d’avoir pu découvrir le sentier de la Traversée de Charlevoix dont j’avais tant entendu parler.. Ça a aussi été ma première longue randonnée de plus de deux nuits où je devais avoir six jours de nourriture dans mon sac à dos. Pour ceux qui le désirent, il est possible de faire livrer de la nourriture dans les différents refuges..
En 2020, il n’était pas possible de séjourner en tente. Seuls les refuges étaient accessibles. Maintenant, la Traversée offre des endroits pour les tentes. Pour une première expérience de plus de deux jours, ça me permettait de ne pas avoir à traîner une tente dans mon sac. Mon copain et moi partons donc le premier jour du mois de septembre, après quelques semaines de préparation. Plus de 100 kilomètres de randonnée dans l’arrière-pays charlevoisien nous attendaient!
Les sentiers de la Traversée de Charlevoix traversent six territoires dont la propriété relève de différentes organisations gouvernementales et privées. Les refuges sont bien situés pour permettre des journées qui varient entre 10 et 20 kilomètres. Ils sont aussi bien équipés avec des poêles au gaz et de l’équipement pour cuisiner. C’est donc un sentier parfait pour débuter la longue randonnée!
Récapitulatif et détails techniques de la Traversée de Charlevoix :
Distance : 105 kilomètres
Temps : 6 nuits / 7 jours ou 5 nuits / 6 jours
Hébergement : en chalet / refuge ou en camping
Dénivelé total : + 3336 m / – 3686 m
Distance par jour : 10 à 20 km
Il est possible de le faire en autonomie ou profiter du transport de bagages et/ou avec dépôt de nourriture. Sentier linéaire mais transfert de véhicule possible. Il est aussi possible de faire la demi-traversée (3 ou 4 jours).
Premier jour sur la Traversée de Charlevoix
Le premier jour, nous allons porter une auto à la fin du sentier, au mont Grand-Fonds, avant d’aller s’enregistrer au bureau de la traversée de Charlevoix. Puis, nous nous dirigeons au début du sentier dans la ZEC des Martres. Il aurait aussi été possible d’utiliser le service payant de transport de voiture. Avec l’autorisation de la ZEC à cette époque, nous débutons au lac à l’Écluse, ce qui nous permet d’éviter le premier quatre kilomètres sur la route de terre. Une option très intéressante considérant la grosse pluie qui tombe ce matin-là!
D’ailleurs, au moment où nous arrivons dans le stationnement, c’est vraiment le déluge! Ça commence bien… mais je me dis que comme nous séjournons en refuge, nous pourrons faire sécher nos vêtements à l’intérieur. Nous attendons plusieurs minutes et il arrête de pleuvoir, ce qui fait que nous partons relativement tard, en début d’après-midi.
La forêt est magnifique sous les nuages. Nous n’avons finalement eu que quelques gouttes sur la tête, pas plus. Avant 16h, nous arrivons au refuge la Marmotte et nos futurs colocataires pour la semaine sont déjà là. Nous serons quatre qui allons nous suivre toute la semaine. Nous allons chercher de l’eau au ruisseau et dès que nous rentrons à l’intérieur, il se met à pleuvoir à nouveau. Il pleut toute la nuit. Nous avons été chanceux!
Jour 2
Le début de deuxième journée se passe sous le soleil. Les cartes annonçaient 19,4 kilomètres, mais ce seront plutôt 17,3 kilomètres que ma montre affiche à la fin de la journée.
Le sentier débute avec quelques kilomètres dans le bois. C’est assez humide et il y a beaucoup de boue due à la pluie de la veille. C’est donc un bon défi pour garder l’équilibre. Vive les bâtons de marche! Ensuite, nous nous retrouvons sur des routes de terre avant de commencer la montée de la montagne la Noyée.
Des nuages font leur apparition lorsque nous arrivons en haut et ils se font assez menaçants. Finalement, pas de pluie mais le vent se lève. Nous repartons donc très vite après avoir mangé. En descendant, le soleil revient et la vue sur les montagnes autour est magnifique!
Nous croisons un gros porc-épic dans un arbre. Puis nous arrivons enfin au refuge la Chouette, qui est sur le bord d’un petit lac qui sera aussi notre source d’eau. Nous en profitons pour faire une petite baignade et laver quelques vêtements (pas dans le lac directement, le savon biodégradable ne doit jamais être utilisé directement dans une source d’eau!). Le coucher de soleil sur les montagnes et le lac est splendide!
Jour 3 : la moitié de la traversée
Au réveil, les jours qui suivent se passent de la même façon. Déjà une routine s’installe. Nous nous levons, ramassons nos sacs de couchage et nos matelas (pendant la COVID, ils n’étaient pas fournis), nous déjeunons, rangeons tout dans nos sacs et nous nous assurons que nos bouteilles d’eau sont pleines avant de partir. Nos deux autres colocataires du refuge partent un peu après nous.
Le sentier alterne avec des montées, des sentiers où nous nous faisons caresser les jambes par les branches et la végétation qui reprend ses droits. Nous devons être vigilants avec les roches, les racines et la boue. Quand nous avons la possibilité de lever les yeux, la forêt nous en met plein la vue!
Au sommet d’une petite montagne, nous nous retrouvons dans une section complètement ouverte sur les montagnes. La vue est époustouflante! C’est cette journée-là que nous entrons dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.
Nous faisons une petite pause lorsque nous croisons une rivière pour refaire le plein d’eau. Grâce aux filtres que nous avons avec nous, pas besoin d’attendre pour boire. Nous sommes toujours en mesure de remplir nos bouteilles dès qu’il y a un cours d’eau. Par contre, nous traînons aussi toujours des pastilles au cas où les filtres briseraient. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à une des personnes qui faisait le sentier en même temps que nous, sans deuxième moyen de filtration. Elle avait à faire bouillir son eau chaque soir et chaque matin ou… empruntait notre filtre! C’était difficile pour elle de remplir ses bouteilles pendant la journée.
Nous repartons sur une section relativement plate qui longe des lacs, avant de descendre, jusqu’au pont qui est en plein milieu du parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Il nous reste six kilomètres, avant d’arriver au refuge le Geai bleu. Nous terminons la marche de la journée sur un chemin plat en passant par une érablière pleine de gélinottes!
Refuge le Geai bleu
Le refuge est encore une fois superbe! La vue sur la rivière Malbaie en contrebas, avec les montagnes derrière moi, me fait dire que c’est mon refuge préféré. Après une baignade plus que rafraîchissante dans la rivière, nous nous installons au soleil sur la terrasse du refuge pour lire avant de se préparer à souper pendant que le soleil se couche.
Jour 4 : une petite journée de randonnée
Une plus petite journée nous attend. À peine plus de 15 kilomètres! Le lever de soleil sur la rivière Malbaie est magique et ce sera une journée où nous serons toujours à proximité de l’eau.
C’est beau, ça sent bon, nous avons le son de la rivière et le chant des oiseaux dans les oreilles. C’est assez tranquille, même que nous avons la chance d’apercevoir une femelle orignal qui passe rapidement dans le bois. Trop vite pour prendre une photo toutefois.
Début septembre, les arbres sont encore verts, sauf une petite section ou les couleurs commencent timidement à faire leur apparition.. Cela doit être superbe pendant l’automne.
Comme à bien d’autres moments, nous nous sentons vraiment seuls au monde. D’ailleurs, le réseau cellulaire n’est pas toujours accessible. Prévoyez une balise de secours et préparez-vous à être autonomes en cas de blessure. Une bonne trousse de premiers soins peut grandement aider.
Pendant la nuit, nous découvrons que nous avons des colocataires très bruyantes… des souris! Un autre randonneur s’est fait manger un sac complet d’arachides et fruits séchés. Il l’avait oublié dans les poches de son sac à dos! Il ne faut vraiment pas laisser de nourriture dans nos sacs, hors des bacs dédiés ou de la nourriture qui n’est pas suspendue dans des sacs solides. Cette journée (et la nuit) a donc été remplie de rencontres animales et nous rappelle que nous sommes sur leur territoire.
Jour 5 : la plus grosse journée de la Traversée de Charlevoix
L’avant-dernière journée est la plus longue journée que nous avons à faire. Presque 20 kilomètres, en plus d’un dénivelé important. Nous sommes en forêt boréale sur des chemins forestiers. Le début est assez plat après une bonne montée. Avec son tapis vert, on se croirait dans une forêt enchantée.
Nous croisons beaucoup de rivières et nous arrivons dans une section où le sentier est très étroit avec beaucoup de roches et racines. C’est vraiment difficile pour les jambes. Nous sommes vraiment contents d’arriver au refuge pour la soirée.
La petite rivière qui sert de source d’eau est glaciale. Alors on oublie la baignade. Mais pour détendre les pieds et pour se nettoyer les mollets, c’est parfait. Nous partons un bon feu et nous profitons de la dernière soirée pour prendre un bon verre de vin (ou du scotch pour mon copain)! Oui oui, j’ai traîné du vin d’épicerie, en Tetra Pak, qualité camping!
Avec nos compagnons du refuge, nous discutons de tout et rien et nous rions, assis à table, avec comme seule lumière le feu et les chandelles. Avant d’aller se coucher, nous regardons un peu les étoiles très brillantes – il n’y pas de pollution lumineuse de la ville quand on est reculé dans le bois.
Dernier jour et fin de la Traversée de Charlevoix
C’est déjà la dernière journée. Nous sommes prêts encore plus tôt que les autres matins alors que nous avons vraiment une petite journée en termes de kilométrage. Le début est en montée constante sur deux kilomètres avec beaucoup de roches, de racines et toute la végétation qui prend le dessus sur le sentier. Il est difficile de voir où nous mettons les pieds.
Nous arrivons rapidement sur un plateau en hauteur où nous avons quelques vues sur les montagnes autour. Le ciel commence aussi à s’assombrir. Quelques gouttes de pluie nous atteignent à travers le feuillage des arbres. Le sentier descend encore et encore et, soudainement, il fait soleil! Nous avons été chanceux tout au long de ces six jours avec seulement quelques gouttes de pluie. Enfin, nous atteignons les pistes de ski du mont Grand-Fonds, remplies de végétation.
Nous arrivons à la balise qui annonce les deux derniers kilomètres. Nous les ferons sur une route de terre battue jusqu’au stationnement. Cette magnifique aventure de plus de 100 kilomètres en autonomie est terminée!
Nous sommes bien contents d’avoir laissé des vêtements propres et du déodorant dans l’auto! Nous nous changeons et espérons que cela suffira. On ne veut pas faire fuir la clientèle du resto lorsque nous prendrons une bonne bière et une poutine à Baie St-Paul pour dîner!
Comment bien se préparer pour une longue randonnée?
Découvrez notre petite guide de la longue rando ainsi que les conseils et astuces de notre collaboratrice Dominique pour se préparer à la Traversée de Charlevoix.
Voir d’autres idées de randonnées au Québec sur notre blogue!
Gabrielle Pilote
Guide d'aventure
Malgré que Gabrielle soit déjà guide professionnelle (courte et longue randonnée – été comme hiver, kayak de mer, etc.), elle aime tellement être dehors et faire découvrir les bienfaits de la nature qu’elle est retournée à l’école en intervention par la nature et l’aventure (INA). Ce diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) lui permettra de combiner sa carrière passée en ressources humaines et en développement des compétences, par le plein-air, toutefois.
En outre, en expédition sur plusieurs jours, les clients adorent sa gastronomie en plein air. En dehors de son travail de guide, il est presque certain de la trouver sur des sentiers, sur sa planche à pagaie, en ski de fond, en camping ou à vélo!