Cet article est initialement paru dans la revue d’hiver 2021. Cliquez-ici pour vous la procurer.
Ah! la neige… Pour plusieurs randonneurs, les nuits sous la tente seront bientôt troquées contre de chaudes nuits en refuge. Je vous propose donc 10 conseils pour en profiter pleinement et pour permettre aux autres utilisateurs d’en faire autant. Bonne randonnée!
1. On laisse son équipement à l’extérieur
Il est inutile d’encombrer les refuges avec des raquettes, des skis ou des bâtons. Laissez votre matériel à l’extérieur bien cordé et regroupé en prenant soin de ne pas encombrer le passage de l’entrée et des autres sentiers de déplacement vers la latrine et la remise de bois.
Lors de votre arrêt du midi, pensez à laisser votre sac à l’extérieur du refuge, en période de forte affluence. Votre sac n’a pas besoin d’être au chaud, et cela évitera que la chaleur fasse fondre la neige qui se trouve sur votre sac et ne le mouille.
Crédit photo : Dominique Caron
2. On prend le moins de place possible
Vous aurez à partager le refuge avec d’autres. Ne placez pas votre sac à dos sur la table et prenez juste l’espace qu’il vous faut de façon à partager les lieux communs.
3. Comme à la maison, on enlève les bottes
Si vous passez la nuit en refuge, prévoyez une paire de mouflons , de pantoufles ou de souliers légers pour porter à l’intérieur. Une fois bien secouées, on dépose les bottes près de la porte afin de garder le plancher sec.
4. On partage les espaces dédiés au séchage
Assurez-vous de bien surveiller votre matériel afin de retirer les articles secs dès qu’ils le sont. De cette façon, on évite de monopoliser l’espace prévu à cet effet et on libère l’espace de vie commune. Ainsi, on évite le désagrément de manger et de discuter entourés de chaussettes, de gants ou d’autres vêtements encombrants.
5. On gère adéquatement les eaux usées
C’est lorsque la neige fond que l’on observe les traces laissées par les utilisateurs de refuges! Une fois la vaisselle terminée, videz l’eau usée à bonne distance du refuge si un endroit désigné n’est pas déjà prévu. (Comprendre ici qu’il ne faut pas lancer l’eau du balcon!)
Prenez le temps d’enfiler vos bottes, de sortir faire quelques pas hors sentier et de filtrer votre eau usée à travers un tamis (petite passoire fine) afin d’éviter de laisser sur place des résidus alimentaires solides. Une fois l’eau tamisée, gérez les résidus alimentaires laissés sur le tamis comme n’importe quel autre déchet : en le rapportant. Il en va de même lorsque vient le temps de se brosser les dents ou d’égoutter les pâtes, on concentre le tout loin du refuge.
6. On protège les surfaces de travail dans la cuisine
Une planche à découper pour trancher les aliments et une plaque d’aluminium sous le réchaud sont des solutions toutes simples pour éviter l’usure prématurée des installations de la zone cuisine. La plaque d’aluminium sous votre réchaud servira à refléter vers le haut la chaleur transmise par le chaudron. Souvent, le vernis appliqué sur les surfaces de travail réagit à la chaleur, causant des cernes noirs trop souvent observés sur les tables et les comptoirs des refuges.
Avant de déposer le chaudron chauffé directement sur la table, déposez un linge, ou simplement deux petits morceaux de bois pour éviter de « marquer » la table.
On troque les chandelles et les lampions pour une lanterne. Bien que les chandelles offrent une ambiance chaleureuse, le risque d’incendie, les dégâts causés par la cire et par la chaleur des chandelles sont des problèmes récurrents. Recouvrez votre lanterne d’un film de plastique de couleur chaude (jaune ou orange) afin de reproduire l’effet chaleureux de la chandelle.
7. On utilise adéquatement les latrines
Au printemps, en été et à l’automne, on laisse le couvercle de la latrine fermé de façon à réduire les odeurs pour tous et favoriser la décomposition de la matière organique. L’hiver, on garde le couvercle ouvert afin d’éviter la formation de givre à l’intérieur du couvercle et sur la lunette.
On évite de jeter des déchets dans la latrine, même si ceux-ci sont organiques. En laissant des poubelles dans les latrines , on diminue la vie utile de la latrine, on réduit l’efficacité de la décomposition et on attire les bestioles indésirables.
On utilise les latrines pour uriner. Rappelez-vous que l’hiver, la neige sera fondue en eau pour cuisiner et remplir les gourdes. On évite donc de la contaminer en urinant dans les endroits désignés. De plus, quand la neige se met à fondre, ce n’est pas super de voir des trous de pipi partout autour du refuge.
8. On accueille les gens qui entrent
Un refuge, c’est d’abord un lieu commun où l’on partage histoires et chaleur. N’hésitez pas à montrer à vos « colocataires » où se trouve le bois, dans quel lit il est possible de s’installer, où placer leur matériel de cuisine, où aller chercher l’eau, etc. C’est toujours agréable de se faire accueillir par un visage souriant.
Crédit photo : Dominique Caron
9. On respecte les autres usagers
Il est important de considérer que tous n’ont pas le même horaire de randonnée. Il est facile de s’entendre avec vos « colocataires » sur une heure raisonnable pour le couvre-feu. Au réveil, surtout si vous prévoyez partir plus tôt qu’eux, soyez respectueux de leur sommeil. Organisez votre matériel avant de vous coucher pour faire le moins de bruit possible l’heure du départ venue. Et rappelez-vous de chuchoter, les dormeurs vous en seront reconnaissants.
Assurez-vous de bien ranger tout votre matériel et votre équipement de cuisine au fur et à mesure, et rappelez-vous que personne n’aime mettre le pied sur de l’équipement au petit matin en route pour les toilettes.
Sur plusieurs modèles de lampe frontale, il y a une modulation possible de la lumière pour en réduire l’intensité ou pour la faire basculer en mode « rouge ». Beaucoup moins agressante pour les yeux, cette couleur permet à l’utilisateur de se déplacer dans le refuge sans déranger les dormeurs.
On ne laisse pas de déchet dans le poêle à bois. Rappelez-vous qu’avant d’y allumer un feu, il faut en préparer le fond. Personne n’aime « jouer » avec de vieux papiers-mouchoirs ou des poches de thé encore humides avant d’allumer son feu! Si le feu est assez fort pour consumer la totalité de vos cartons et bouts de papier, il n’y a pas de mal à les faire brûler. On évitera par contre d’essayer de faire brûler de la nourriture ou des matières humides. Le poêle à bois n’est pas un incinérateur et il vaut mieux rapporter les déchets afin de les gérer adéquatement à notre retour à l’accueil ou à la maison.
10. On quitte le refuge en le laissant plus propre qu’à notre arrivée
Voici quelques idées en rafale à ce sujet : on rapporte tous nos déchets et ceux laissés par les autres, on ne laisse rien sur place pensant que ça pourrait servir au prochain, on s’assure de bien remplir le bac à bois dans le refuge et de couper du petit bois afin de permettre au prochain d’avoir tout ce qu’il faut pour allumer facilement son feu. On donne un coup de pelle à neige sur les balcons et devant la porte de la latrine. On donne un coup de balai à l’intérieur du refuge et dans la latrine. On passe un linge sur les surfaces de travail, table et bancs.
Qui sait, vous serez peut-être le prochain utilisateur à bénéficier de la bienveillance des précédents!
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Renée-Claude Bastien
Renée-Claude Bastien est d’abord une grande passionnée de la randonnée pédestre. Depuis près de 20 ans, par le biais de son métier de guide en tourisme d’aventure, elle a eu l’opportunité de guider des groupes de randonneurs aux quatre coins du globe. Elle transmet sa passion pour le plein air comme enseignante et coordonnatrice de l’AEC – Guide en tourisme d’aventure du cégep de Saint-Laurent, comme instructrice de Premiers soins en régions isolées pour Sirius MEDX, comme monitrice de canot pour Canot Kayak Québec, comme formatrice en randonnée pédestre pour Rando Québec, comme monitrice Sans trace pour Sans trace Canada, comme maître instructeur pour le Conseil Canadien du Plein Air (OCC) et comme instructrice pour l’Association Canadienne des Guides de Montagne (ACMG).
Cette passion pour le partage de ses connaissances lui a permis de développer son expérience et ainsi devenir une référence en matière de plein air au Québec.