Quel passionné de randonnée n’a jamais rêvé d’aller en Islande marcher entre glacier, montagne, désert et océan?
Alex Godard est allé randonner en Islande et vous raconte son périple!
Pourquoi partir randonner en Islande?
Je cherchais un nouveau défi à relever et une nouvelle idée pour un futur film de randonnée. Mon choix s’est arrêté sur l’Islande. Ce que je vais dire est peut-être bizarre (et je sais que je suis extrêmement privilégié de faire ce que je fais), mais lorsque j’ai réservé mon vol pour l’Islande, je n’étais même pas excité. La raison est que je savais que l’Islande était magnifique, mais je n’avais pas de projet concret encore.
Finalement, après plusieurs recherches et échanges avec les autorités locales, je trace plusieurs sentiers sur les cartes. Puis le sentier définitif apparait : je finis par m’arrêter sur l’idée de traverser l’Islande du nord au sud en autonomie complète. Un parcours de 400 kilomètres qui allait me faire passer près du plus gros glacier d’Europe, par un désert aride à 1000 mètres d’altitude, par le fameux sentier du Laugavegur et la mythique chute du Skógafoss. Et ça pour nommer seulement quelques points forts.
Traverser l’Islande à pied : une randonnée de 400 km
Me voilà donc avec un sac rempli de tout mon équipement de camping et randonnée, en plus de 14 jours de nourriture. Je commence ma traversée de l’Islande à partir de la ville d’Akureyri où je sors le plus vite possible des sentiers battus pour aller vers la vallée de Glerárdalur qui m’apporte assez vite au sommet d’une crête en haut des nuages pour le coucher du soleil. Un spectacle dont je me rappellerai toute ma vie.
Le lendemain est la journée où mes ennuis ont commencé. Après environ 30 kilomètres à marcher sur l’asphalte au bord d’une route, un de mes pieds commence à avoir une fatigue irrégulière, un stress probablement dû au manque de sommeil, la distance, le poids du sac et le sol dur. Malgré mon expérience en longue randonnée, c’était la première fois que j’apportais autant de nourriture pour être complètement autonome sur une si longue durée. Le poids n’était pas négligeable.
Le lendemain tout se passe bien, je quitte enfin les chemins asphaltés pour aller rejoindre les Highlands et son sol qui se mélange entre terre, sable et roche. Mes pieds m’en remercient.
Jour 4, je me réveille dans la grosse pluie. Je défais mon campement en espérant que la pluie cesse. Et non!!!! Ce fut une belle journée de 18 heures dans la pluie avec des vents de 70 km/h qui me donnaient un mal fou à avancer. Sans compter les multiples rivières à traverser et les 48 km de marche. Je finis cette soirée-là dans un refuge que j’ai poussé pour atteindre avec espoir de dormir au chaud.
Jour 5, 6 et 7, les jours se suivent et se ressemblent : désert de roche avec aperçu de glaciers et de lacs au loin. Probablement le moment où j’ai été le plus seul de ce voyage. Le milieu de l’Islande est très hostile. Mon mal de pied part et revient, mais ça reste supportable avec quelques anti-douleurs.
Randonner en Islande – Chapitre “Insomnie”
Jour 8 et 9, j’arrive enfin dans le fameux Landmannalaugar. Je vous explique pourquoi, j’ai nommé ce chapitre Insomnie.
Après avoir marché 20 km, j’arrive au campement de base du sentier du Laugavegur. En regardant la météo, je me rends compte qu’il annonce peut-être de la pluie le lendemain à cet endroit. Il est 18 h et il fait encore beau, mais surtout je me sens bien.
Mes idées déboulent dans ma tête. Je décide de pousser jusqu’au prochain campement en montagne. Arrivé à celui-ci mes motivations qui ne veulent pas du tout écouter mon corps me poussent jusqu’au campement suivant. Il est à ce moment-là passé minuit et j’en suis à environ 32 km de marche. Je continue ma traversée des montagnes du Landmannalaugar de nuit. J’arrive très tôt au matin au camp. Je monte ma tente et m’étends 1 h pour recharger mes batteries corporelles. Le soleil brille déjà à son maximum.
Encore une fois, mes idées de grandeurs l’emportent sur mon corps clairement épuisé. Après ma courte sieste d’une heure, je range tout mon équipement, je prend un déjeuner et me voilà reparti. Probablement la pire journée physiquement de mon aventure. Heureusement, les paysages sont magnifiques. Je passe de vallée verdâtre à un désert gris, pour ensuite aller dans les canyons et une petite forêt. Tout ça en suivant des glaciers tout le long. Malgré ça, chaque pas est de plus en plus pénible. Je me rends tout de même à destination avec ma petite heure de sommeil et mes 76 kilomètres de randonnée.
Dernière journée de ma traversée de l’Islande, j’ai vraiment pris mon temps pour partir ce matin-là. Le café qui m’a été offert ne m’aidait pas à vouloir partir. Je finis par quitter un peu avant le dîner. Dernier effort avant la ligne d’arrivée. Probablement la partie la plus magnifique selon moi de toute ma traversée.
Le sentier monte dans les montagnes en suivant l’itinéraire du Fimmvorduhals. Un trajet qui nous fait passer au pied d’un volcan et entre deux immenses glaciers. Des images gravées dans ma mémoire.
Déjà que ça, c’était magnifique, je sens mon corps se remplir d’émotion, un sentiment que je ne pensais pas vivre si fort. Au sommet de la montagne, j’aperçois l’océan au sud de l’île. Puis c’est parti pour la descente à travers les chutes qui se suivent les une après les autres pour enfin aller se jeter dans l’Atlantique. Je m’effondre à genoux sur la plage. Les vagues viennent frapper mes genoux. J’ai presque les larmes aux yeux, j’ai le corps rempli de gratitude, mais en même temps de soulagement pour mes pieds.
Comme si ce voyage en Islande n’avait pas été assez beau, la journée où je finis cette longue randonnée, un volcan entre en éruption! Il me reste heureusement quelques jours avant mon retour au Québec. J’en profite pour aller voir cette fontaine de lave, un spectacle comme je n’en ai jamais vu.
Randonner en Islande m’a marqué et m’a transformé. Cette île m’a poussé mentalement comme physiquement et a établi une nouvelle limite de confort. J’aime dire que je ne dépasse pas les limites, mais que je fais que les pousser et que je grandis avec elles.