Cette entrevue a été réalisée en mai 2020, quelques semaines avant le retour des Québécois sur les sentiers. Nous remercions chaleureusement Jean-Guy Labbé d’avoir généreusement accepté de répondre à nos questions.
Réalisation de l’entrevue : Laura Tournet
Gérer et entretenir un réseau de sentier n’est pas une chose aisée. Souvent dans l’ombre, les gestionnaires de ces réseaux oeuvrent quotidiennement au bon état des sentiers afin de pouvoir marcher en toute sécurité et profiter pleinement du décor environnant. Après avoir rencontré Ken Bouchard dans un précédent article, nous présentons aujourd’hui Jean-Guy Labbé, qui s’implique activement sur les sentiers de la municipalité de Saint-Léon-de-Standon en Chaudière-Appalaches.
Qui est Jean-Guy Labbé?
Embauché par la municipalité de Saint-Léon-de-Standon, Jean-Guy Labbé a pour rôle d’entretenir, de développer et de promouvoir les sentiers.
Il gère également ses propres sentiers (bien qu’ils ne soient pas ouverts au public) et a étudié dans le domaine de l’environnement. Il a donc de bonnes connaissances dans la gestion de sentier, qui lui permettent de mener à bien ses missions quotidiennes.
Ce natif de la région et amoureux de sa terre, aujourd’hui retraité de son métier principal, s’implique avant tout pour faire connaître la beauté des paysages souvent méconnus de sa région.
Pouvez-vous présenter votre organisme et le réseau pédestre?
La Corporation de développement durable de Saint-Léon-de-Standon est une association à but non lucratif créée il y a une dizaine d’années. Financée seulement par la municipalité, elle chapeaute 7 sentiers pour un total de 30 km de réseau pédestre.
Elle a trois vocations:
- Le développement touristique du secteur
- L’accueil des nouveaux arrivants
- La gestion de la politique familiale de la municipalité
La corporation gère uniquement les sentiers estivaux. En hiver, une partie des sentiers de raquettes est gérée par la station de ski du Mont-Orignal. Pour faire la promotion des sentiers, nous travaillons principalement avec les comités touristiques de Bellechasse et Les Etchemins.
Au cours de l’année 2021, de nouveaux sentiers devraient voir le jour permettant d’accéder à des falaises pour faire de l’escalade. Nous vous invitons à consulter la page Facebook de l’association pour vous tenir au courant de l’ouverture de ces sentiers et des murs d’escalade.
Une vue panoramique à proximité d’un sentier.
Quels sont les objectifs de la création d’un réseau pédestre dans votre région?
La première vocation est le développement touristique. Il faut faire connaître la municipalité, amener les personnes à voir cette configuration des Appalaches qui est différente du reste du territoire. C’est un environnement avec beaucoup de diversité (beaucoup de forêts mixtes). Les points d’intérêts sont nombreux et, malheureusement, souvent méconnus des Québécois.
La deuxième vocation est de faire consommer dans les commerces locaux; il faut bonifier l’économie locale!
Enfin, la troisième vocation est d’attirer de nouveaux habitants. Saint-Léon-de-Standon, surnommée “petite Suisse” est un village résidentiel avec beaucoup d’industries autour.
Pour vous, en quoi la protection des sentiers est-elle un enjeu important? Quels enjeux environnementaux sont à soulever?
Le mot d’ordre est la sensibilisation du public aux enjeux environnementaux. Les sentiers sont bruts, adaptés à la nature. Ils n’ont pas été aménagés pour accommoder les pratiquants (avec des échelles ou toutes autres plateformes). L’objectif est de faire comprendre qu’il est important de rester sur les sentiers et de s’adapter à la nature environnante. L’humain va sur ce territoire qui ne lui appartient pas; il appartient à la nature, à la faune. Il faut que l’humain comprenne qu’il ne peut pas faire n’importe quoi.
« C’est l’Homme qui s’adapte à la nature et non la nature qui s’adapte à l’Homme »
L’association fait un gros travail de sensibilisation, notamment sur ces plateformes de communication telle que Facebook. Des capsules vidéos sont mises en place pour sensibiliser les personnes au respect et à la protection de l’environnement.
Les sentiers offrent de beaux points de vue sur les paysages environnants.
Selon vous, la COVID peut-elle être détournée sous une forme “d’opportunité”?
Oui, notamment pour la visibilité. Par exemple, notre page Facebook a augmenté son nombre de visiteurs de manière significative et également son nombre d’abonnés. Les personnes ont hâte de retourner sur les sentiers, ils s’informent. Peut-être que cela attirera une nouvelle clientèle.
À contrario, est-ce que vous avez des craintes avec le retour de la population sur les sentiers?
Oui :
- Des aménagements importants devaient être faits en 2020 pour améliorer l’expérience des visiteurs et ajouter à l’attrait touristique des lieux (mises en place d’aires de pique-nique, une petite plage en bord de rivière) mais tout a été stoppé.
- Il ne peut pas y avoir de contrôle à l’entrée des sentiers. Il y a donc la crainte qu’il y ait trop de monde. Si c’est le cas et que ça impacte le milieu naturel et que les règles sanitaires ne sont pas tenues, il faudra s’adapter. L’objectif est de bien contrôler le retour des randonneurs.
- Limitations financières : malheureusement, le budget n’est pas très élevé. Nous aimerions faire des affichages à l’entrée et sur les sentiers avec les bonnes mesures, mais c’est financièrement difficile.
En quoi la COVID a-t-elle impacté la préparation et l’ouverture des sentiers?
La COVID a causé un retard dans la préparation des sentiers pour l’été. Cependant, les dernières neiges sont parties tard. Ainsi, aussi bien la météo que la COVID ont ralenti la corvée d’entretien du printemps.
Les sentiers gérés par Jean-Guy Labbé, entre forêts et cours d’eau.
Quelle place prend le bénévolat dans votre organisme?
Le bénévolat est difficile de manière générale. Des personnes vont se porter volontaires une ou deux fois puis ne vont pas revenir. Pour les sentiers de raquettes, la municipalité a mis en place un système de parrainage (exemple : la famille Côté parraine le sentier du km 2 au km 4).
Autre problématique du bénévolat liée à la pandémie : la plupart des bénévoles étaient soit des personnes âgées soit des résidents secondaires qui venaient l’été. Pour les personnes âgées, le risque lié à la pandémie est élevé, ils ne viennent donc plus. Pour les résidents secondaires, ce n’est pas dit qu’ils pourront venir cet été dû aux déplacements limités.
2 commentaires
Bravo Jean-Guy pour la mise en valeur et l’entretien de nos sentiers de Standon.
Chaque année je vais à la découverte de nouveaux sentiers au Québec. Les sentiers de Standon seront sur ma liste en 2021.