Ma grand-mère est morte il y a un mois, en plein épisode de COVID-19. Elle s’est endormie dans son fauteuil préféré, dans sa maison du sud de la France et ne s’est jamais réveillée.
Elle avait 89 ans.
C’est un moment difficile la perte d’un proche, encore plus quand une pandémie mondiale t’empêche d’aller le saluer une dernière fois. Le départ de ma grand-mère a raisonné encore plus pour moi en ces temps de pandémie et de réflexion sur ce dont demain sera fait.
Une vie simple
Plein de souvenirs sont remontés à la surface, de mon enfance bien sûr mais surtout de qui elle était. Mes grands-parents étaient des paysans. Pas des agriculteurs non, plutôt des gens simples, accrochés à la terre par nécessité, assez loin du gentleman farmer. Ils ont connu la guerre, la faim et la peine comme peu de générations après eux, dans nos pays occidentaux.
Ma grand-mère qui s’en va me fait réaliser que ça n’est pas juste elle qui s’éteint mais toute une génération avec elle. La dernière représentante de la vie simple.

La vie pour cette génération était loin du virtuel, des écrans et des réseaux sociaux. Leur rapport avec le temps bien différent du nôtre, avec une capacité à attendre, à observer à écouter là où pour nous, tout n’est que rapidité, instantanéité et anxiété.
Le rapport aux choses aussi, où l’on achetait seulement ce dont on avait réellement besoin et où l’on ne jetait jamais rien. Reduce, reuse, recycle n’est clairement pas un concept nouveau.
Une période de réflexion
Cette quarantaine imposée nous a laissé du temps, qu’on le veuille ou non pour réfléchir. On ne réfléchit pas tous à la même chose et c’est bien normal. Nous n’avons pas tous la même lecture de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend. La crise est avant tout sanitaire et nous devons penser à la sécurité de toutes et tous, proches et inconnus et c’est d’ailleurs pour ça que nous participons à l’effort collectif en appliquant les recommandations sanitaires.
Un autre avenir
Mais il y aura un après. Et je me demande bien ce que l’on va en faire. J’espère personnellement que nous aurons l’intelligence collective de nous poser des questions et de faire l’effort d’analyser ce qui est vraiment important pour chacun d’entre nous et pour nous tous en tant que société. J’espère que nous prendrons conscience que nous avons petit à petit perdu le lien avec le VRAI, pour nous laisser emporter par le virtuel.
J’espère que nous aurons le courage d’oser un changement, en nous préoccupant un peu plus du sort de nos voisins, en défendant notre environnement comme si notre vie en dépendait. Parce qu’elle en dépend.
J’espère que nous irons marcher, grimper, rouler, pagayer avec notre gang, pas juste pour alimenter notre compte insta mais surtout pour nous reconnecter avec le vivant, le ici et maintenant.

J’espère enfin que nous ne tomberons pas dans l’extrême quel qu’il soit et dans le : « eux contre nous» des dogmes qui ne fait que diviser.
Profitons de cette situation pour préparer le changement. Impliquons-nous dans les choses qui nous tiennent à cœur pour que la reprise ne soit pas qu’économique et commerciale mais aussi et surtout, humaine et sociale.

Grégory Flayol
Ayant grandi dans les alpes, jouer dehors a tout de suite été une évidence pour Greg. Amoureux du Voyage, il a découvert le Québec il y a 15 ans et c’est maintenant sa maison. Formé en éducation physique et en intervention sociale, il est aussi un professionnel du ski et du snowboard. Son rêve : transmettre à ses enfants sa passion pour le plein air. Aujourd’hui à Rando Québec, il est en charge de coordination provinciale du projet Sentier National.
4 commentaires
Bravo pour ce superbe texte!
Seul point qui m’a accrochée, la faute (probablement due au correcteur) dans la présentation de qui est Grégory Flayol.
… jouer dehors A tout de suite été une évidence…
Pas d’accent sur le « a ». 😉
S’il devait y avoir un autre texte de sa plume avec la même présentation, je préfère vous en aviser car je sais que votre français est habituellement irréprochable.
Merci pour ces articles que vous partagez avec nous. 🙂
Bonjour Véronique et merci pour ce retour. Le texte de présentation de Grégory vient d’être corrigé! 🙂
Gregory,
Je suis désolée pour le départ de ta grand-mère. Sincèrement désolée. Et, ton impuissance devant ce décès… en étant si loin. Et dire que nous n’en savions rien…
La mort fait partie de la vie et c’est toujours très difficile de perdre un être cher. Les beaux souvenirs, la nostalgie de l’ancien monde, oui…
Tendre câlin virtuel.
Je partage ton opinion ici :
«…J’espère que nous irons marcher, grimper, rouler, pagayer avec notre gang, pas juste pour alimenter notre compte insta mais surtout pour nous reconnecter avec le vivant, le ici et maintenant.»
Bon courage Gregory et merci pour ce texte, sincère et sensible.
Michelle Gaudet
Marcher Autrement au Québec
merci Greg pour ton partage rempli d’authenticité, de bienveillance.Je nous souhaite beaucoup de courage et de confiance dans ce changement.
i send you my love!