Les Marais du Nord, un exemple de mobilisation citoyenne et de réussite en matière de conservation du milieu naturel
Située au nord du lac Saint-Charles à Québec, près de la municipalité de Stoneham-et-Tewkesbury, la réserve naturelle des Marais–du–Nord est un exemple inspirant de conservation et de développement durable.
Texte et photos : Mélanie Jean
La préservation des Marais du Nord, une réussite citoyenne
Au tournant des années 1980, la beauté naturelle du lac Saint-Charles suscite beaucoup d’intérêt pour le développement récréotouristique. Ce nouvel engouement pour le secteur nord du lac soulève l’inquiétude chez les riverains, qui craignent pour la santé de la principale réserve d’eau potable de la ville ainsi que pour les riches milieux humides qu’on y trouve.
Le fragile écosystème des Marais du Nord était alors menacé par l’urbanisation croissante et les activités humaines. Face à cette réalité, un groupe de citoyens engagés s’est donc rassemblé pour le défendre afin d’empêcher sa disparition imminente. Les Marais du Nord sont aujourd’hui un exemple de réussite en matière de mobilisation citoyenne pour la préservation de l’environnement. Ils témoignent de plus de 40 ans de labeur et de persévérance pour la conservation d’un territoire exceptionnel.
L’organisme entame alors des démarches afin d’acquérir les terrains qui étaient destinés au développement récréotouristique et résidentiel. Entre 1991 et 1998, grâce à l’appui financier de la Fondation de la faune du Québec et de plusieurs autres partenaires, Agiro consolide au fil des années la protection des milieux humides du lac Saint-Charles.
Les Marais du Nord sont donc le résultat du pouvoir collectif de citoyens engagés ainsi que de leur détermination à influencer les décisions politiques et à protéger les trésors naturels du territoire.
Un exemple de développement durable
C’est donc en 1995 que le parc des Marais du Nord voit le jour et que débute la mise en valeur du site, avec le souci constant de perturber le moins possible le milieu et d’utiliser des matériaux durables et écologiques.
L’intégration de travailleuses et de travailleurs provenant du milieu local, que ce soit dans le cadre d’une première expérience de travail, d’un stage ou d’une réinsertion professionnelle, a également été au cœur des valeurs d’Agiro et des Marais du Nord. L’aménagement du réseau de sentiers a été réalisé en plusieurs étapes, dans un souci de protection du milieu et de ses habitants.
Un milieu humide exceptionnel
Sans la mobilisation citoyenne pour préserver ce riche écosystème, le parc des Marais du Nord n’aurait probablement jamais vu le jour. Devenu officiellement une réserve naturelle en milieu privé en 2002, il accueille 20 ans plus tard plus de 30 000 visiteurs par année!
Tandis qu’environ le tiers de la réserve peut être exploré à travers des sentiers aménagés, les deux tiers restants demeurent inaccessibles au public, et ce, afin de conserver la richesse écologique du milieu. Outre la randonnée pédestre, il est possible d’y pratiquer des sports nautiques (kayak, canot et rabaska) et de participer à des activités thématiques ou éducatives.
Éduquer pour mieux protéger
Situés à proximité de la ville de Québec (à seulement 20 minutes du centre-ville), les Marais du Nord constituent un écosystème très riche en biodiversité. La mise en valeur du site a d’ailleurs comme objectif non seulement d’inviter à la contemplation des paysages, mais aussi de sensibiliser la population à la protection des milieux humides et aux nombreux services qu’ils nous rendent.
Avec près de 8 km de sentiers pédestres accessibles toute l’année, c’est également un paradis pour s’initier à l’ornithologie, avec près de 200 espèces d’oiseaux répertoriées. Un parcours immersif et de nombreux panneaux d’interprétation renseignent aussi les visiteurs sur les espèces fauniques et floristiques qu’on y trouve ainsi que sur la qualité de l’eau du lac Saint-Charles.
Les milieux humides comme ceux du lac Saint-Charles jouent un rôle essentiel du point de vue écologique. Grâce à leur capacité de filtration, ils absorbent les impuretés et améliorent la qualité de l’eau. Agissant aussi comme une éponge, ils retiennent des quantités d’eau importantes et protègent ainsi les berges contre les inondations. En outre, la nature y foisonne, et une faune et une flore diversifiées y trouvent refuge ou en font leur habitat. Ainsi, chaque année, les Marais du Nord accueillent plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs de passage et, au printemps, à la tombée du jour, on peut y entendre le chant des grenouilles.
Il ne fait aucun doute que, sans la volonté des citoyens à le préserver, nous ne pourrions, 40 ans plus tard, profiter de ce remarquable endroit. Les Marais du Nord représentent donc une grande victoire pour la région. N’eussent été les riverains et leur détermination, ces milieux humides auraient disparu au profit du développement, comme c’est malheureusement trop souvent le cas encore aujourd’hui au Québec.
Cet article est initialement paru dans la revue d’automne « écologie et sentiers »
Pour ses 35 ans, la revue Rando Québec présente un numéro spécial Écologie et sentiers. En plus des rubriques habituelles, découvrez des initiatives des organismes dédiés à la protection de nos espaces naturels dans un dossier central d’une vingtaine de pages.
Mélanie Jean
Mélanie Jean est photographe professionnelle, géographe, auteure et rédactrice en tourisme, mais également chargée de projets en communication chez Agiro. Son amour pour les milieux naturels et leur protection l’a amenée à collaborer au sein d’Agiro depuis maintenant près de 3 ans.