Comment trouver la perle rare? Tous s’accordent pour dire qu’une lampe frontale fait partie du matériel essentiel de tous les randonneurs. Si vous êtes allés fouiller sur le Web récemment, ou directement en boutique pour vous acheter une lampe frontale, vous avez certainement remarqué la grande quantité d’options sur le marché. Cette surabondance de modèles, de caractéristiques en tout genre (nombre de lumens, rechargeable ou non, imperméable, résistant aux chocs, etc.) complique passablement le processus d’achat. Je vous propose un survol des caractéristiques importantes à prendre en considération avant votre prochain achat, pour vous donner l’heure juste.
Par Emmanuel Daigle, guide de randonnée certifié par l’ACMG
Selon vos besoins
La toute première étape sera de déterminer quels sont vos besoins. Soyez réaliste et posez-vous les bonnes questions. Quelle activité je pratique régulièrement et qui nécessite ma lampe frontale? (Randonnée pédestre, camping, course en sentier, vélo de montagne, ski ou raquette, voyage, etc.). À mon avis, la question la plus importante est la suivante : est-ce que j’utiliserai ma lampe frontale à grande vitesse ou non? Le besoin d’éclairage nécessaire pour se déplacer en course en sentier à la noirceur n’est pas le même que pour une balade en forêt.
La guerre aux lumens
Le lumen (lm) est une unité de mesure subjective du flux lumineux émis par une source d’éclairage qui peut être perçu par l’œil humain. En résumé, plus de lumens = plus de lumière. Cette unité est apparue avec l’avènement des ampoules DEL (diode électroluminescente), beaucoup moins énergivores que leurs ancêtres : les ampoules incandescentes (avec un filament à l’intérieur). Étant donné que toutes les lampes frontales modernes utilisent des ampoules DEL, le lumen permet de faire une comparaison plus facile entre chaque modèle.
Bien qu’il s’agisse d’une unité de mesure facile à utiliser pour faire une comparaison entre les différents modèles de lampes frontales sur le marché, cette unité de mesure ne tient pas compte de la qualité du faisceau lumineux. Cela veut dire que pour deux lampes ayant le même nombre de lumens, l’éclairage peut être très différent selon la qualité optique de la lentille et la largeur du faisceau. Il sera donc plus important de s’assurer de la distance du faisceau lumineux que du nombre de lumens.
En exemple : Tableau de performance du modèle Apex de Princeton Tec
Batteries rechargeables vs piles remplaçables
La source d’alimentation de votre frontale va dépendre de plusieurs facteurs. Si vous cherchez une lampe pour vos sorties de fin de semaine, pour courir à la tombée de la nuit ou tout simplement pour vos activités qui finissent souvent un peu « trop » tard, les modèles avec batterie rechargeable lithium-ion s’avèrent un très bon choix, en plus d’être plus écologiques. Grâce au port USB, vous pourrez facilement la recharger. Si vous comptez utiliser votre lampe frontale durant plusieurs jours en expédition, il faudra prévoir un panneau solaire afin de recharger votre batterie.
Si vous prévoyez vous en servir pour un tour du monde, mieux vaut opter pour un modèle pouvant fonctionner avec des piles remplaçables de type AA ou AAA que l’on peut trouver partout sur la planète. N’oubliez pas de recycler ces piles aux endroits appropriés. Il est à noter que certains modèles utilisent les deux types (batterie rechargeable ou pile), ce qui peut être un atout de taille selon vos besoins. Si vous optez pour les piles remplaçables, vous devrez choisir entre les piles alcalines ou au lithium. Pour les besoins du plein air, il faut privilégier les piles au lithium car elles sont plus légères, durent beaucoup plus longtemps et résistent bien mieux aux conditions froides que les piles alcalines.
Sachez que par temps froid, il existe certains modèles de lampes frontales avec un bloc-piles externe (souvent en ajoutant une rallonge) qu’il est possible de mettre au chaud à l’intérieur de votre manteau.
Kit ceinture Nao de PETZL
L’autonomie
Le nombre d’heures d’autonomie est une donnée très importante à prendre en compte. Cette durée est fortement liée à la puissance de la lumière. Plus elle est puissante, plus il y aura une diminution de l’autonomie. Étant donné que la plupart des modèles offre plusieurs modes d’éclairage, il sera très difficile d’évaluer avec précision l’autonomie de votre pile ou batterie rechargeable. Vous devrez donc vous baser sur le mode d’éclairage que vous comptez utiliser le plus.
Notez que certaines lampes frontales possèdent un voyant lumineux indiquant le niveau d’énergie restant, un atout, selon moi, très pratique.
La compagnie française Petzl (inventeur de la lampe frontale) a développé la technologie REACTIVE LIGHTING®, fort intéressante afin de diminuer la consommation d’énergie et d’améliorer l’éclairage. Un capteur évalue la luminosité ambiante et adapte automatiquement la puissance d’éclairage aux besoins de l’utilisateur.
La capacité d’une pile c’est quoi?
La capacité d’une pile ou d’une batterie rechargeable est mesurée en milliampère-heure (mAh), par exemple : 3 100 mAh. La durée entre chaque recharge dépend essentiellement de cette capacité. Autrement dit, plus le chiffre des mAh est élevé, plus la pile va durer entre les recharges.
Une autre caractéristique à rechercher pour les piles rechargeables est le nombre de cycles d’une pile. Le cycle est le nombre de fois qu’une pile peut être déchargée et rechargée. Cette donnée est fournie par le fabricant. De façon générale, plus la capacité (mAh) est élevée et moins le nombre de cycles possibles est grand.
Une tension de sortie régulée?
Lorsque les piles perdent graduellement leur énergie, certaines ampoules DEL vont faiblir progressivement. Ce n’est pas un problème durant une petite balade en forêt, mais cela pourrait le devenir pour une course en sentier, par exemple. Pour répondre à ce problème, certains fabricants offrent des lampes qui génèrent une tension de sortie régulée, allouant ainsi un degré de luminosité constant pendant toute la durée de vie des piles. L’inconvénient potentiel survient lorsque les piles sont épuisées : la lumière d’une lampe régulée peut s’éteindre rapidement, d’où l’intérêt d’avoir un voyant qui indique le niveau d’énergie restant, ou tout simplement d’avoir une lampe frontale d’urgence.
Crédit photo : Emmanuel Daigle
L’emplacement des piles
Selon les modèles, le boîtier de piles peut faire corps avec la lampe (piles intégrées à la lampe sur le devant de la tête). Il peut également être placé à l’arrière de la tête ou dans un boîtier séparé de la lampe frontale.
Lorsque les piles sont placées dans la lampe à l’avant de la tête, ce sont principalement des modèles très légers et compacts. Cependant, si le volume de la lampe est trop important, ces modèles peuvent devenir fatigants à la longue, surtout si vous voulez utiliser votre frontale pour courir, car il y aura un effet de rebondissement du faisceau.
Sur d’autres modèles, le boîtier contenant les piles est placé à l’arrière de la tête. Ceci permet de mieux équilibrer la lampe. Ces modèles sont généralement plus lourds et volumineux, mais ont normalement une très bonne autonomie. Ce type de lampe présente souvent une sangle qui passe au-dessus de la tête pour éviter qu’à la longue, la lampe se retrouve sur vos yeux!
Enfin, certaines lampes ont un boîtier de piles indépendant afin de soulager la tête de ce poids. Le câble électrique mesure alors de 1 mètre à 1,5 mètre. C’est certes un point de fragilité, mais c’est très agréable pour le confort de la tête durant de longues courses en sentier. De plus, le boîtier à part offre l’avantage de pouvoir mettre les piles au chaud près du corps afin d’augmenter leur autonomie en condition froide. Ces modèles sont parfaits pour les activités hivernales.
L’étanchéité et l’indice de protection IP
Cet indice de protection (IP) classe le degré de protection d’un matériel, comme une lampe frontale, face aux intrusions de corps solides, tels que la poussière, et de liquides comme l’eau ou l’huile. Par exemple, dans le code IP54, le premier chiffre (5) correspond à l’indice de protection contre la poussière et le deuxième chiffre (4) correspond à l’étanchéité à l’eau. Ces chiffres vont de 0 (aucune protection) à 6 (protection complète contre l’intrusion de solides) ou à 8 (protection maximale contre une immersion prolongée à une profondeur et une durée définies par le fabricant).
Lorsque la donnée n’est pas connue ou testée, il y aura un X. Généralement, les lampes frontales pour le plein air indiquent seulement leur degré de protection aux liquides et les plus étanches seront cotées IPX7. Cela signifie qu’elles résisteront à une immersion dans l’eau à un mètre de profondeur pendant 30 minutes. Pour une utilisation en plein air, il serait judicieux de choisir une lampe ayant un indice de protection entre IPX4 et IPX7.
Les options possibles d’éclairage… nécessaires ou non?
La plupart des lampes frontales offrent au moins un mode de haute et de basse intensité lumineuse. D’autres peuvent offrir trois modes ou plus, appelés « niveaux de luminosité ou modes d’éclairage ». Voici les choix, du plus économe en énergie au plus énergivore :
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- Lumière stroboscopique : c’est une ampoule clignotante d’urgence. Cette option est particulièrement importante pour les lampes de type « urgence » (ex : Petzl modèle e+LiteÒ ou Black Diamond modèle Flare).
- Intensité faible : c’est le mode standard utilisé pour la plupart des tâches telles que les corvées du camp, la lecture ou marcher le long d’un sentier facile pendant la nuit.
- Intensité modérée : fournie sur certains modèles tout simplement afin de donner aux gens plus de choix et d’éviter la surconsommation énergétique de l’intensité maximale lorsque ce n’est pas nécessaire.
- Intensité maximale : une bonne option pour les situations où vous avez simplement besoin de plus de lumière.
- Boost (ou Zoom) : quelques modèles possèdent cette fonction qui produit un faisceau lumineux très intense pendant une brève période. Cette option est fort utile pour bien voir un passage clé en escalade, pour mieux se repérer en montagne ou pour rechercher une balise pendant une course d’aventure. Il faut juste avoir en tête que ce mode implique une forte consommation d’énergie et, par conséquent, diminue l’autonomie.
Suivant les modèles, le passage d’un mode à l’autre se fait par un bouton séparé de l’interrupteur on-off. D’autres n’ont qu’un seul bouton pour passer d’un mode à l’autre. Les modèles de lampes frontales ne sont pas tous simples quant aux fonctions ainsi qu’à l’ergonomie des boutons de commandes. Il est donc préférable d’essayer la lampe en magasin avant de l’acheter.
Petit truc terrain : en hiver, pensez que vous aurez à manipuler votre lampe frontale avec vos mitaines, alors faites un test en boutique avant d’acheter. Vous éviterez de vous geler les doigts si les boutons de commandes sont trop petits.
Pourquoi avoir une lumière rouge?
Certains modèles de lampe projettent une lumière rouge qui limite la dilatation de la pupille et évite ainsi d’être aveuglé. Ce mode d’éclairage est idéal pour lire dans la tente, pour consulter une carte topographique au cours d’une excursion nocturne, pour admirer les étoiles et vérifier votre carte du ciel ou pour ajuster un appareil photo sur trépied afin de prendre des images de nuit. Sachez également qu’il existe des lumières vertes (très peu répandues), mais qui semblent être encore plus performantes pour l’adaptation de l’œil à la noirceur que la lumière rouge.
Les autres fonctions pratiques
Une des fonctions que je trouve essentielle est le mode de verrouillage afin d’éviter d’allumer, par inadvertance, votre lampe frontale dans votre sac à dos. Si vous n’avez pas ce mode, vous pouvez toujours mettre votre lampe dans un petit contenant de plastique, ça fonctionne très bien!
Une autre fonction que l’on retrouve sur certains modèles est le mode clignotant pour signaler votre présence. Pour avoir utilisé ce mode dans une situation de recherche de nuit en plein hiver, je peux vous dire que c’est très efficace. Cette caractéristique non essentielle est toutefois très appréciée lorsque le pire survient.
Crédit photo : François Léger Savard
Les enfants dans tout ça!
Selon moi, les caractéristiques les plus importantes pour une lampe frontale destinée aux enfants sont la légèreté, la simplicité (bandeau élastique facile à ajuster et bouton de mise en marche facile à enclencher), ainsi que la robustesse. Étant papa de deux garçons, je sais de quoi je parle! Certains fabricants offrent des couleurs attrayantes et des modes spécialement conçus pour les enfants, comme la fonction d’extinction automatique après une heure, ce qui permet de l’utiliser comme veilleuse. Petite mise en garde : il est important de bien faire comprendre aux enfants (et aux adultes!) de ne pas regarder directement la lumière de la lampe car elle pourrait endommager l’œil. Les enfants ont une grande sensibilité à la lumière bleue émise par les ampoules DEL.
Une lampe d’urgence, c’est quoi?
Comme son nom l’indique, la lampe d’urgence est une petite lumière que nous devrions avoir dans une trousse de premiers soins ou dans une trousse de réparation, en cas de besoin d’éclairage. Elle est particulièrement utile lorsque notre lampe frontale principale nous lâche, ou lorsque nous sommes pris de court par une journée qui se termine plus tard que prévu. Cette lampe devrait fonctionner avec des piles CR2032 au lithium car elles sont très résistantes au froid, vont durer très longtemps sans perdre leur charge et sont hyper légères. Elles sont normalement très compactes et résistantes à l’eau, mais elles n’offrent pas une très grande puissance lumineuse (autour de 40 lumens).
L’astuce du guide
Gardez toujours votre lampe frontale très accessible (personnellement je la mets dans la pochette du haut de mon sac à dos) et ayez toujours des batteries supplémentaires et/ou un panneau solaire pour alimenter la recharge.
Comme vous voyez, les options sont nombreuses et il est facile de se faire aveugler par le marketing insistant de certains fabricants. Vous avez maintenant suffisamment d’information pour faire le meilleur choix pour votre prochaine lampe frontale.
Dans un second article, nous vous proposons un test terrain de lampes frontales effectué sur plusieurs mois afin de vous donner l’heure juste. Bonne randonnée!
Emmanuel Daigle
Emmanuel Daigle est guide de trek en haute altitude, certifié par l’association des guides de montagne canadiens (ACMG), instructeur en premiers soins, formateur, fondateur de l’Académie Haute Montagne sur le Web, conférencier, chroniqueur, testeur d’équipement spécialisé et auteur de trois ouvrages de référence sur la préparation d’une aventure en haute altitude.
C’est un passionné qui adore partager ses connaissances et ses expériences afin de donner un sourire à tous ceux qui vont en montagne ou qui veulent profiter de la vie au maximum.
Pour en connaître davantage sur Manu: http://www.emmanueldaigle.com
Pour être prêt pour votre prochaine aventure en montagne: http://www.academiehautemontagne.com