Paru dans la revue Printemps 2018 de Rando Québec
Texte : Émélie Rivard-Boudreau – Photos : SOPFEU
Il a embrasé l’Alberta lors de l’été 2016, la Colombie-Britannique en 2017 et, depuis les dix dernières années, il a brûlé 340 993 hectares au Québec, dont 6 630 en 2017. Ses images font peur, ses flammes et sa fumée peuvent mettre en danger les humains, mais la nature survit toujours à son passage et, même, en profite. Le feu de forêt : un danger ou une nécessité?
Les feux de forêt n’ont plus de secrets pour Robert Lemay, qui vient de prendre sa retraite après 38 ans au service de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). L’ex-agent à la prévention et à l’information, qui était basé à Val-d’Or en Abitibi, en a vu des feux. Il a aussi participé à des dizaines de campagnes de sensibilisation auprès du public. Pour la SOPFEU, un feu de forêt peut être aussi minime qu’un feu de camp qui a été mal éteint et qui provoque un début d’incendie, jusqu’au gigantesque feu qui fait la une des téléjournaux. « Aussitôt qu’on intervient, ça fait partie de nos statistiques », indique Robert Lemay. En 2017, la SOPFEU est intervenue à 290 reprises. Le nombre de sorties des pompiers forestiers québécois est très variable d’une année à l’autre. Depuis les dix dernières années, ils ont été appelés à intervenir entre 189 et 762 fois par année.
« C’est toujours les feux de causes humaines qui sont en plus grand nombre », a constaté Robert Lemay. Au cours des dernières années, entre 65 % et 70 % des feux de forêt ont été provoqués par des humains, alors qu’environ 30 % l’ont été par la foudre. Les campagnes de prévention semblent par contre avoir quelque peu porté fruit, puisqu’à une certaine époque, les humains étaient à l’origine de 80 % des incendies en forêt.
Cependant, les conséquences seront plus économiques pour l’industrie forestière. Les feux de forêt les forcent à modifier la planification de la récolte. « On va récupérer ce qui est récupérable, sinon nous pouvons être appelés à déplacer nos activités et à reconstruire des chemins; ça va aussi diminuer le rendement des arbres récupérés en usine », indique Yves Lachapelle.
Quand le feu aide la forêt
Si le feu peut s’avérer menaçant pour la sécurité et l’économie de l’espèce humaine, il peut être une véritable fontaine de Jouvence pour la forêt. Des parcs nationaux canadiens brûlent même volontairement certaines zones de leur forêt. C’est le cas du parc national de la Mauricie et de celui de Forillon en Gaspésie. Ils procèdent à des brûlages dirigés dans le but écologique de régénérer certaines espèces d’arbres. « Le pin blanc et le chêne rouge sont deux espèces d’arbres qui ont besoin du feu pour se reproduire », explique l’agent de gestion des incendies pour le parc de la Mauricie, Michel Thériaut. Il souligne que le feu ne fait pas mourir ces arbres qui, lorsqu’ils sont très vieux (un pin blanc peut vivre jusqu’à 500 ans), ont une écorce qui devient très épaisse. « L’écorce est tellement épaisse que la partie vivante de l’écorce est protégée. Eux, leur stratégie, c’est de survivre au feu. Il y a des arbres qui vont mourir, il y a plus de lumière qui va rentrer dans le sous-bois, tous les arbustes qui étaient des compétiteurs vont être éliminés et ça laisse de la place pour que les petits chênes et les petits pins blancs s’installent. »
D’autres espèces, comme le pin gris et le pin tordu latifolié, ont également besoin du feu pour se reproduire. Leurs cônes, qui sont couverts d’un revêtement cireux, s’ouvrent seulement sous la chaleur du feu. Celui-ci devient donc le seul moyen pour faire disperser leurs graines.
Au grand plaisir des oiseaux, mais au grand tourment des compagnies forestières, les arbres brûlés profitent aussi à certains insectes. « On aperçoit des longicornes qui pondent leurs œufs dans l’écorce brûlée, puis les œufs se développent sous l’écorce et les larves creusent des galeries dans le bois », fait savoir monsieur Lachapelle.
Le feu et les randonneurs
Les randonneurs sont directement concernés par la propagation des feux de forêt. Ils peuvent prendre des mesures de prévention. Respecter les interdictions de feux à ciel émis par la SOPFEU et s’assurer de bien éteindre ses feux est impératif. Bien éteindre ses mégots de cigarettes, de joints de cannabis (bientôt permis) ou tout simplement ne pas fumer en forêt peut également faire une différence. Pour les gestionnaires de sentiers ou les personnes qui se rendent sur les lieux de randonnée en véhicule tout terrain, la SOPFEU demande d’entretenir adéquatement les tuyaux d’échappement qui pourraient allumer des matières combustibles. Enfin, les marcheurs doivent éviter de circuler à proximité d’une zone incendiée, entre autres lorsque Parcs Canada procède à ses brûlages contrôlés, car certains sentiers pourraient être fermés ou à éviter. À noter que le risque de feux de forêt provoqués par la foudre est très élevé en période estivale au nord du 49e parallèle.
Émélie Rivard-Boudreau
Émélie Rivard-Boudreau est une journaliste localisée à Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue. Elle travaille comme journaliste à la radio et au web de Radio-Canada en Abitibi-Témiscamingue. Comme journaliste pigiste, elle a collaboré à d’autres médias écrits et web, notamment La Terre de chez nous, Planète F, la Gazette des femmes, Rando Québec, et Opérations forestières. (Coup de pouce, Naître et grandir, Bières et plaisirs) En 2015, elle remporté un prix de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) dans la catégorie Article de quotidien ou d’hebdomadaire écrit, pour son article Femmes de mines paru dans La Gazette des femmes. Depuis mars 2017, elle est vice-présidente de la FPJQ – Abitibi-Témiscamingue.
1 commentaire
pour quoi qu’il ni a pas beaucoup de feu de foret en russie a comparer aux pays de l otan qu’il en a beaucoup j ai regardé la carte des feu dans le monde je me pause des questions au canada et au usa sa brule en europe aussi en afrique du nord et pratiquement rien en russie?