Qui oserait de nos jours s’orienter en se fiant sur la mousse des arbres? On sait bien que plusieurs facteurs influencent la croissance de la mousse, et qu’il serait hasardeux de croire que le nord se trouve du côté où la mousse est la plus abondante. Et pourtant, cette croyance a été longtemps et largement répandue.
De la même façon ces dernières années, une méthode pour trouver le nord sans boussole circule sur le net et même dans les guides de survie, alors qu’un test en conditions réelles prouve que la théorie est loin de s’avérer. Je vous démontre ses faiblesses, et vous propose une autre méthode beaucoup plus fiable et en même temps beaucoup plus simple pour trouver le nord en l’absence d’une boussole.
Méthode du bâton (shadow stick)
La méthode du bâton suggère qu’en plaçant un caillou à l’extrémité de l’ombre d’un bâton, deux fois en l’espace de 15 minutes, on peut trouver le nord.
Notons les contraintes : il faut se trouver dans un espace ensoleillé, sur terrain plat (horizontal et sans aspérités), planter un bâton très droit mesurant de 70 à 100 cm en veillant à ce qu’il soit rigoureusement vertical.
Ensuite, sur le bout de l’ombre du bâton projetée au sol par le soleil, on place un petit caillou. On attend 15 minutes ou plus, et on place un second caillou de même dimension sur l’extrémité de l’ombre, qui s’est déplacée vers la droite puisque le soleil décrit une courbe d’est en ouest. Cela fait, on tend une ligne entre les deux cailloux et on trace une perpendiculaire au centre de cette ligne. La perpendiculaire pointe alors, en théorie, vers le nord.
Sur la photo, les cailloux sont remplacés par des disques bleus, la ligne par une ficelle violette et la perpendiculaire par un bâton vert, qui devrait pointer vers le nord.
Si on respecte rigoureusement les plans horizontal et vertical, cette méthode indiquera effectivement le nord en deux circonstances seulement. Soit aux alentours de midi, heure à laquelle le soleil atteint son point culminant puis commence à redescendre, soit en période proche du solstice d’hiver ou d’été, alors que la courbe décrite dans le ciel par le soleil est beaucoup moins prononcée.
En réalité, il y a une bonne différence entre le nord indiqué par la boussole, ici réglée en respectant la déclinaison régionale de 15° ouest, et la position suggérée à 9h30 par la méthode du bâton.
Cette différence ira s’amenuisant vers midi, pour devenir de plus en plus grande à mesure que le soleil poursuit sa course.
Méthode de la montre
La méthode de la montre est beaucoup plus simple à exécuter. Pour déterminer la position du soleil, même quelques secondes à travers le feuillage d’un arbre suffisent. Il nous faut également un moyen de connaître l’heure, idéalement une montre analogique, mais un téléphone ou une montre numérique peuvent servir, puisque tout le monde possède l’image mentale d’un cadran aux 12 chiffres.
Peu importe l’heure de la journée, il s’agit de placer l’aiguille des heures dans l’axe du soleil. Pour une rigoureuse précision, une brindille placée en périphérie du cadran permet de placer celui-ci de façon à ce que son ombre couvre la petite aiguille. On trace ensuite mentalement, ou manuellement au sol, la bissectrice qui coupe en deux l’angle formé par l’aiguille des heures et le chiffre 12. On prolonge cette ligne en traversant le cadran, et son extrémité indique avec précision le nord géographique.
Une seule contrainte : il faudra tenir compte de l’heure avancée s’il y a lieu, en plaçant dans l’axe du soleil le chiffre précédant l’heure indiquée. Pour plus de rigueur en l’absence d’une montre analogique, je vous conseille de relever la position sur l’heure ou la demie, alors que l’aiguille des heures se trouve sur le chiffre ou exactement entre 2 chiffres de votre cadran imaginaire.
J’ai dessiné 3 cadrans, pour faire des relevés à 9h30, 13h et 15h30. On voit bien que, peu importe l’heure du relevé, le nord géographique a une position fixe et donc que cette méthode est fiable.
Comparaison rapide et concluante
À 12h, j’ai placé un bâton de ski, dont l’ombre indique avec précision la position du nord, au bout de la perpendiculaire qui devait indiquer le nord à 9h30 selon la méthode du bâton.
Voyons le résultat :
À 12h également, j’ai placé l’autre bâton sur la ligne rouge indiquant le nord à 9h30 selon la méthode de la montre.
Conclusion
On utilisera la méthode du bâton :
Si on ne dispose pas d’un moyen de connaître l’heure
Si rien ne presse
Si on se trouve sur une plage ou en plaine
Si on est en période de solstice (vers le 21 décembre ou le 21 juin)
Si on ne cherche pas de précision, mais seulement une direction à prendre sur une route ou un sentier, par exemple.
Si on effectue le relevé un peu avant et après midi (mais on sait qu’à midi, le soleil est plein sud, l’ombre du bâton pointant alors plein nord).
On privilégiera la méthode de la montre :
Si on se trouve en forêt,
Si on circule sur un sentier non balisé, non indiqué sur une carte, ou pour avancer en ligne droite en forêt dense
Si on dispose d’une montre ou d’un téléphone pour lire l’heure
Si on désire orienter une carte avec précision
Rappel
Une boussole ou n’importe quelle méthode qui nous indique le nord, géographique ou magnétique, n’est que de peu d’utilité sans une bonne carte qui, elle, est indispensable pour savoir où l’on est; parce qu’on peut se situer sur une carte, mais pas sur un rayon de boussole.
On parle bien sûr d’une carte topographique, qui montre les lacs, les montagnes, les ruisseaux, les routes, les courbes de niveaux et les lignes électriques, de même que les sentiers si possible.
En l’absence d’une boussole, on peut alors orienter la carte dans le sens des points de repère qui s’offrent à nous et avoir une bonne idée de l’endroit où nous sommes. De là, on peut savoir dans quelle direction se déplacer, vers un point d’eau, une route ou un campement, en ayant une vue d’ensemble de la forêt qui nous entoure.La carte locale fera donc partie de l’équipement essentiel à placer dans son sac de randonnée.
Lorsqu’on décide de randonner hors sentiers, il faut s’assurer d’avoir les compétences nécessaires ainsi que de disposer des autorisations requises, selon le territoire.
teacher sbd
Enfant, c’est en famille qu‘elle a connu le camping rustique et les promenades en forêt. Adolescente, elle emmenait son équipe de guides dans les bois au moindre congé. Adulte, c’était les camps, les excursions, les couchers à la belle étoile avec ses guides et avec ses amies. Puis son mari et ses deux enfants sont arrivés, elle les a initié aux plaisirs de la vie dans la nature, tout en poursuivant une carrière de prof d’anglais au primaire (Teacher!). La longue randonnée en autonomie, elle en rêvait depuis le premier lean-to du SIA aperçu quand elle avait 9 ans, et c’est principalement sur l’incomparable Sentier national qu‘elle poursuit ce rêve encore et encore.
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