Fuir la pollution lumineuse
Au Québec, il y a peu (ou pas) de destinations étoilées comparables à celle de ce parc national qui possède par ailleurs un statut unique : celui de Réserve internationale de ciel étoilé. Cette appellation signifie que des mesures précises ont été mises en place pour protéger le ciel nocturne et contrer la pollution lumineuse, entre autres. Voilà un incitatif pour séjourner dans ce lieu où l’astronomie est à l’honneur. Pourquoi pas dans le cadre d’une longue randonnée hivernale?
Texte et photos : Dominique Caron
Article paru dans la revue d’hiver 2024
Fondée en 1987, l’International Dark Sky Association (IDA) s’est donné pour mission d’encourager les initiatives de protection des ciels étoilés, en attribuant différentes attestations correspondant aux cinq catégories suivantes : communautés, réserves, parcs, lieux urbains et sanctuaires. L’appellation de Réserve de ciel étoilé est délivrée seulement par le programme International Dark Sky Places, lequel a été créé en 2001.
Le parc national de Mont-Mégantic est la toute première réserve internationale de ciel étoilé certifiée par le programme de l’IDA! Désigné en 2007, ce titre confirme l’importance de l’astronomie dans la région et surtout l’importance des activités de l’Observatoire et de l’ASTROLab pour perpétuer la passion pour le cosmos. Ajoutons à cela les nombreux kilomètres de sentiers qui arpentent les sommets et ruisseaux de ce territoire privilégié pour l’observation du ciel.
© Pexels
La Traversée
Le parc national du Mont-Mégantic est divisé en deux secteurs : l’Observatoire et Franceville, lesquels voisinent la zone écologique Samuel-Brisson. Bien que La Traversée soit une expérience de choix pour ne rien manquer de l’ensemble du parc et de ce qu’il a de mieux à offrir, il faut préciser qu’il s’agit d’un sentier linéaire. Il faut donc prévoir le transport d’un véhicule, service que la Sépaq n’offre pas à ce jour. Le transport des bagages est donc une option à considérer. Les plus motivé·es seront en mesure de réaliser ce trajet de 13,8 km en une seule journée, été comme hiver. Toutefois, il est plaisant de prendre son temps et de prolonger cette distance en découvrant les différents sommets des deux secteurs.
Autre avertissement : même si les crampons sont généralement suffisants pour faire l’ascension des sommets des monts Saint-Joseph, Victoria et Mégantic ou, du côté Franceville, du sublime sentier des Cimes, les raquettes sont de mise pour effectuer la traversée sans obstacle.
Pour ceux et celles qui viennent de loin, il est possible de parcourir l’itinéraire en trois jours et deux nuits en prenant en compte le temps de conduite. Deux soirées en refuge à contempler les étoiles, comment dire non? L’idéal est de débuter du côté de l’Observatoire, dans un refuge ou un camp rustique (les options ne manquent pas). Pour la deuxième et dernière nuit, le refuge du Ruisseau-de-la-Montagne du côté de Franceville permet de dormir au pied du sentier des Cimes pour s’offrir une dernière journée de randonnée bien remplie avec une succession de points de vue tels le Pic de l’Aurore (840 m), la Porte du ciel (765 m), le Gardien des Méandres (650 m) et le Repos du dragon (595 m).
Soirée d’astronomie hivernale
Que l’on débute ou que l’on termine dans le secteur de l’Observatoire, c’est l’occasion de découvrir l’ASTROLab. Ce bâtiment, voisin du Centre d’accueil et de services de la Sépaq, renferme une exposition permanente et une salle de projection. C’est là que, lors des soirées d’astronomie hivernale (de la fin janvier à la fin mars), le public peut visionner le film « La Quête des origines », dans le cadre du spectacle portant sur le télescope Webb et sur les grandes innovations que ce télescope infrarouge offre aux scientifiques de partout dans le monde. Si les conditions le permettent, les participant·es sont invité·es à sortir, le temps d’observer les étoiles à l’œil nu ainsi qu’à l’aide d’un télescope.
D’une durée de 2 h, la soirée d’astronomie à l’ASTROLab, à la base de la montagne, se déroule en deux parties : présentation du spectacle « La quête des origines » sur le télescope spatial Webb, dans la salle multimédia; puis, si le ciel est dégagé, observation des étoiles à l’œil nu ou à l’aide d’un télescope. Enfin, il y a possibilité de faire une balade gratuite à la lueur des flambeaux sur quelques centaines de mètres.
Période : de la fin janvier à la fin mars
Horaire : les samedis
Réservation obligatoire
Tarifs : 22,25 $ pour les adultes et gratuit pour les enfants de 17 ans ou moins
Autorisation d’accès au parc non incluse
Le parc national du Mont-Tremblant emboîte le pas
Le 30 août 2023, l’association Dark Sky International a officiellement reconnu l’engagement du parc national du Mont-Tremblant à protéger son environnement nocturne exceptionnel. Le parc possède donc désormais la certification International Dark Sky Park en lien avec ses efforts pour intégrer la protection du ciel nocturne à la conservation et aux programmes éducatifs. C’est le résultat d’un long processus pour l’équipe du plus ancien parc national de la Sépaq : « La certification en tant que parc international de ciel étoilé renforcera notre capacité à sensibiliser le public à la pollution lumineuse et à protéger une composante importante de notre patrimoine immatériel – pour les générations actuelles et futures », a affirmé Hugues Tennier, responsable du Service de la conservation et de l’éducation au parc national du Mont-Tremblant.
À mettre à l’agenda : l’éclipse totale de Soleil le 8 avril 2024
Un alignement cosmique qui a lieu en moyenne aux 375 ans et perceptible qu’à un emplacement donné est prévu dans le sud de la province. Ce phénomène rarissime doit se dérouler le 8 avril 2024 en fin d’après-midi et on parle déjà de « l’événement astronomique du siècle au Québec ». Visitez le site Web de l’ASTROLab pour rester à l’affût des annonces à ce sujet.
Cet article est initialement paru dans la revue d’hiver « ciel étoilé et randonnées »
Cet hiver, c’est l’occasion de s’ouvrir sur l’immensité de l’univers et du ciel qui nous entoure grâce à l’astronomie! Découvrez des destinations où allier les randonnées en raquette et l’observation des étoiles ainsi que des conseils pratiques pour photographier les aurores boréales.
Dominique Caron
Après un baccalauréat en communication, Dominique flirte longtemps (et encore aujourd’hui) entre le monde du plein air et de la culture. D’origine abitibienne, c’est à Montréal qu’elle complète son DESS en journalisme et se lance dans la belle aventure de la vie de pigiste. Elle pratique aussi la photographie, d’ailleurs ses amis lui reprochent souvent de prendre un peu trop de photos (et de poser trop de questions) Dominique est rédactrice en chef de la revue Rando Québec.