Un système de classification de sentiers objectif
Par Gilbert Rioux | publié dans l’édition Automne 2014 | Volume 26 numéro 1
Qualifier une randonnée est naturellement facile. Selon notre état d’âme, on le fait bien souvent de façon intuitive. Des conditions climatiques douces, des compagnons de randonnée volontaires et des paysages agréables peuvent influencer notre perception, tout comme notre forme physique, la petite barre énergétique ou la boisson chaude prise au bon moment. Tous ces éléments sont autant de petits bonheurs qui adoucissent les pentes abruptes. Exit les gouttes de sueur sur le front, les portions de sentier glissantes ou les kilomètres monotones entre deux points de vue.
Au contraire, si une ou plusieurs sources de bien-être n’a pas la qualité souhaitée, notre appréciation du sentier peut être considérablement influencée. Ainsi, un sentier qualifié de facile sous le soleil devient difficile, ou même très difficile, avec des chaussures inconfortables ou sous la pluie. Il s’agit alors d’une dimension qualitative qui est très évolutive. Le défi consiste à dissocier le qualitatif du quantitatif. Autrement dit, de dissocier la randonnée vécue par le marcheur du sentier sur lequel il a marché.
Il y a quelques années, un sentier possédant les mêmes caractéristiques physiques était facile dans le parc national de la Gaspésie, mais considéré comme difficile dans le parc national d’Oka. Cette appréciation divergente du sentier était basée sur le fait que la qualification du sentier était plutôt une qualification de la randonnée. Le message que souhaitait envoyer les responsables du parc aux randonneurs était que le sentier le plus difficile était le sentier X. À l’échelle d’un parc, cette façon de faire peut se défendre assez bien, mais à l’échelle du réseau des parcs nationaux, cela devenait incompréhensible pour les randonneurs.
Idéalement, le gestionnaire d’un réseau de sentiers tente de qualifier objectivement ses sentiers plutôt que de les qualifier subjectivement, et ce, afin de pouvoir fournir aux randonneurs l’information la plus juste possible pour qu’ils puissent faire un choix de randonnée qui corresponde à leurs aspirations. Le randonneur pourra alors se préparer adéquatement afin de garder le sourire tout au long de sa sortie.
Le secret est dans le choix des critères qui composeront les paramètres de classification
Les sentiers de randonnée pédestre de la Sépaq sont classifiés de façon uniforme grâce à une méthode développée à l’interne. Elle s’appuie sur des critères factuels tels que la distance, le dénivelé et le temps de déplacement.
Randonnée pédestre – degrés de difficulté
1er critère Distance
- Facile : moins de 4 km
- Intermédiaire : entre 4 km et 10 km
- Difficile : plus de 10 km
2e critère
Temps
- Facile : maximum 2 h
- Intermédiaire : maximum 5 h
- Difficile : plus de 5 h
3e critère
Dénivelé*
- Facile : 0 m à 100 m
- Intermédiaire : 100 m à 300 m
- Difficile : plus de 300 m
4e critère
Pente
- Facile : moins de 10 %
- Intermédiaire : entre 10 % et 20 %
- Difficile : plus de 20 %
* Différence entre le point le plus bas et le point le plus élevé d’un sentier.
Parmi ces critères, il en faut un minimum de trois pour classer un sentier dans l’une ou l’autre des catégories : facile, intermédiaire ou difficile.
En dernier recours, la qualité de la surface de marche et la proximité de services en bordure d’un sentier peuvent être considérées lors de la classification d’un sentier.
Facile
- Accessible à tous, sans préparation spéciale
- Non-initié
- Pente de 10 % ou moins
- Distance entre deux points d’accès de 5 km ou moins
- Maximum de 2 h de marche
- Dénivelé inférieur à 100 m
- Sans équipement spécifique
Intermédiaire
- Accessibilité à tous, mais avec préparation
- Randonneur initié
- Pente de 15 % en moyenne
- Distance entre deux points d’accès d’environ 10 km ou moins
- Maximum 2 h à 5 h de marche
- Dénivelé entre 100 m et 300 m
- Nécessite de l’eau, un lunch, un peu de vêtements chauds
- Nécessite le port d’un soulier de marche
Difficile
- Accessible à une certaine catégorie de randonneurs
- Initié très en forme
- Sentier abrupt, pouvant excéder par endroits 25 % de pente
- Distance entre deux points d’accès de plus de 10 km
- Itinéraire en montagne, surface de marche pouvant être inconfortable
- Plus de 5 h de marche
- Dénivelé supérieur à 300 m
- Nécessite de l’eau, un lunch, un peu de vêtements chauds, une carte et une lampe
- Nécessite le port d’une botte de marche