Mecque du ski hors-piste, la région de Murdochville, dans les Chic-Chocs gaspésiennes, est également une belle destination pour la raquette. On l’approche depuis le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de L’Anse-Pleureuse. La route 198 pénètre alors dans les terres, traversant une vallée sur une cinquantaine de kilomètres avant de grimper jusqu’à l’ancien village minier, niché à 600 mètres d’altitude.
Murdochville conserve de nombreuses traces de son passé minier, mais la ville connaît depuis 2009 un formidable développement écotouristique grâce à Chic-Chac, une entreprise fondée par Guillaume Molaison et Éloïse Bourdon, deux passionnés de poudreuse et de ski hors-piste. Clairement dédiée à cette pratique, l’entreprise tire parti d’un terrain de jeu offrant une couverture de neige (jusqu’à sept mètres de précipitations hivernales) d’une qualité exceptionnelle, qui attire aussi les amateurs de raquette. Deux sentiers sont d’ailleurs accessibles directement à partir de Murdochville et plusieurs autres le sont à moins d’une heure de route.

Le mont du Porphyre… dans le vent!
De la route 198, comme depuis le centre-ville de Murdochville, on voit très bien le mont du Porphyre et son sommet dénudé, ce qui donne envie d’aller le voir de plus près… Le sentier y menant est une boucle de 7,6 km avec un dénivelé positif et négatif de 479 mètres, réalisable en 2 h 30, voire 3 h en cas de fortes chutes de neige. De niveau intermédiaire, il démarre doucement à l’entrée de Murdochville sur la route 198, près de la borne du kilomètre 38. Le chemin forestier qu’on emprunte d’abord traverse une piste de motoneige. Le sentier, qui sert aussi de montée pour le ski hors-piste, file ensuite vers la droite, en surplomb de la route. Le secteur compte 10 beaux couloirs de ski hors-piste.
Le couvert de résineux du sentier forme une jolie allée étroite pour la raquette. Après 2 km vers le nord, on rejoint un premier refuge en forêt. Un autre sentier permet d’atteindre un second refuge à 1,5 km, puis la route de l’ancienne mine.Pour la portion qui mène au sommet, nous revenons un peu sur nos pas avant de piquer vers le chemin forestier du départ, sur une piste multifonctionnelle, utilisée tant par les catski (bus sur chenilles) que par ceux qui font l’ascension en ski ou en raquette.

Une bonne montée en lacets larges dans une forêt de plus en plus clairsemée nous attend alors pour 1,9 km. La dernière portion, vers le sud, est quasiment sans végétation. Un vent fort du nord-ouest nous y rattrape… Claudie Leclerc, responsable du marketing du Chic-Chac, m’avait prévenue : « Habillez-vous chaudement car nous avons un ressenti qui approche les – 30 degrés Celsius avec de fortes rafales de vent ».
À l’approche du sommet, la crête nous offre en effet un aperçu des conditions hivernales difficiles, avec des rafales à 70 km/h. Notre marche finale sur les hauteurs, bien emmitouflées, n’est pas très longue et les quelques taches de bleu qui commencent à percer les nuages sont notre récompense! L’abri du sommet est en vue. Instant d’euphorie face à la vue panoramique, à 860 m d’altitude, avec Murdochville en contrebas, l’ancienne mine de cuivre à ciel ouvert, la station de ski alpin du mont Miller et au loin, quelques autres sommets gaspésiens.

Le mont du Porphyre doit son nom à la roche dont il est majoritairement constitué, et c’est au sommet de celui-ci, où le vent a balayé la neige, que cette roche est le plus visible.C’est ce même vent qui, par contre, projette de la neige sur la pierre du petit refuge dans lequel nous espérons nous réchauffer. Le vent a poussé de la neige sous la porte, qui peine à s’ouvrir. À l’intérieur, la neige est partout, au sol comme sur les murs, et il faut pelleter pour pouvoir refermer la porte derrière nous… Après avoir tenté d’allumer le petit poêle à bois, nous renonçons, avalant nos sandwichs tout en sautillant sur place. Pas question de traîner!
Au sud, une table de pique-nique marque le meilleur point de vue en direction de Murdochville. La neige tapée montre la direction à suivre. Le peu d’arbustes émergeant du sol permet de visualiser la descente, en paliers, avec Murdochville toujours face à nous et le ciel de plus en plus bleu. L’omniprésence de lames de neige glacée nous rappelle les effets du vent! Nous descendons presque en ligne droite, avalant les courbes de niveau, avant de virer à gauche sous un champ de neige et de repartir vers le nord pour retrouver le chemin forestier du départ.
Sentier qui monte ou sentier plat?
Deux autres sentiers de raquette sont d’accès facile à Murdochville. Celui du Marius débute au pied du mont Miller et de la station de ski alpin du même nom, créée par les propriétaires de l’ancienne mine. De niveau avancé, il débute par une passerelle et court vers le nord en forêt mixte sur 4,7 km avec un dénivelé de 210 mètres. Au tiers du parcours, une boucle permet de se rendre directement au sommet – à 822 mètres – par le versant sud de la montagne, pour redescendre par le versant nord. Du sommet, surnommé « Top Marius », on a aussi une vue plongeante sur Murdochville, ainsi que sur le mont Miller au sud et le mont du Porphyre à l’ouest.
L’autre sentier intéressant débute aussi sur la route 198 mais à huit kilomètres de Murdochville en direction de Gaspé. Au panneau indicatif du Centre Plein Air Lac York, on se stationne pour emprunter à pied la route d’accès menant au camping et aux chalets, fermés l’hiver. La neige est souvent suffisamment tapée pour pouvoir marcher sans raquettes, mais mieux vaut les avoir pour bien explorer le territoire.
Changement complet de décor à l’arrivée au grand lac York, si prisé des pêcheurs, nageurs ou canoteurs en dehors de l’hiver. Le froid est toujours mordant et le vent bien présent, tandis que nous approchons de l’extrémité sud du plan d’eau. Une passerelle permet de franchir un ruisseau, puis de longer le lac par la gauche. Encadré par le mont Miller et le mont York, il a près de 5 km de long. On peut en faire le tour en revenant par le chemin du lac, avec 12 kilomètres au compteur…
Bon à savoir
- Accès gratuit aux sentiers.
- Location possible de raquettes au Chic-Chac.
- Meilleure période pour la raquette : février et mars.
- Le sentier du mont du Porphyre comporte deux autres points d’accès : au bout de la rue William-May et au coin de la 8e rue et de l’avenue des Curés-Allard, pour une ascension plus directe du sommet.
- Le Chic-Chac dispose d’une belle gamme d’hébergements hivernaux à Murdochville : chambres à l’Auberge Chic-Chac, chalets privés et chambres au Presbytère ou au Motel Olympique. L’entreprise propose de nombreux forfaits pour expérimenter le ski hors-piste et s’enorgueillit d’une superbe rénovation-transformation de l’église en « quartier général » de l’entreprise, avec service d’accueil, restaurant-bar, salle de spectacles et service de location de matériel.
Texte et photos : Anne Pélouas

Cet article est initialement paru dans la revue d’hiver 2025
Cet hiver, nous vous invitons à vous laisser inspirer par les microaventures pour découvrir de nouveaux lieux et essayer de nouvelles formules.