« La rivière qui s’élargit » Voilà ce que signifie le mot Qamaniq en langue inuite.
« L’élargissement » de nos frontières, de notre vision du monde, des peuples, de la nature, de nous–mêmes. Qamamiq, c’est quatre filles de différents horizons : Pascale, Maryse, Caroline et puis Charlotte, une jeune femme originaire du Nunavut. À 48 heures de vol de George River, au nord de Kujjuak, ces filles ont eu la chance de découvrir un monde complètement différent. Elles ont pu découvrir le Parc Kuururjuak grâce à plusieurs collaborations avec les gens de la communauté.
Quatre filles avec un but commun, celui d’aller à la rencontre du Grand Nord et de son univers, particulièrement de ces femmes qui peuplent ce petit bout du monde. Mettre en lumière l’histoire des Inuites qui, pendant longtemps, ont vécu dans l’ombre et dans la noirceur. Se connecter avec l’environnement directement. Le comprendre, pour mieux le protéger.
« Dans les médias, on commence de plus en plus à s’intéresser à la condition des Inuits, depuis ces dernières années. Malheureusement, on a longtemps voulu effacer leur histoire, leur langue et leur culture. Pourtant, leurs connaissances sur la nature, comme les plantes médicinales, le mouvement de l’eau, du ciel, des étoiles, toutes ces connaissances sont précieuses. On veut ouvrir les yeux des gens sur leur situation, particulièrement la condition des femmes inuites. D’où l’importance de la participation de Charlotte. » — Caroline Côté, photographe
Qamaniq est un projet-accès avant tout sur l’échange entre les filles et la communauté. « Ensemble, on va plus loin », c’est ce que les filles ont voulu partager comme message à travers ce projet porteur d’espoir et de changement.
Aucune performance, pas de temps record, seulement le partage et l’échange.
C’est donc dans cette optique qu’est né le projet Qamaniq. Bien qu’elles ne se considéraient pas comme de grandes coureuses, elles ont décidé d’y aller à fond dans cette entreprise. Qamaniq est avant tout un projet documentaire portant sur l’importance de protéger l’environnement en s’alliant avec les gens du terrain. C’est dans cette optique que l’équipe s’est alliée et impliquée auprès de l’organisme Pure Nat, spécialisé en protection de l’environnement et dans le nettoyage de sites d’enfouissement illégaux. Au final, l’équipe n’a pas trouvé ce type de site d’enfouissement sur leur route. Tout de même, elles ont pu en apprendre davantage sur la protection de l’environnement et sur les gens qui assurent la protection du Parc Kuururjuak.
Les ancêtres de Charlotte sont venus chasser les caribous dans ce parc. Chanteuse de gorge, elle a tout de même accepté de se joindre au projet pour courir. « Mère de deux enfants, Charlotte est une force de la nature et fut une inspiration tout au long du projet », me raconte Caroline.
Près de 20 km de course pendant 6 jours. En tout, elles ont parcouru plus de 100 km dans le froid et des conditions difficiles. Les défis étaient effectivement nombreux. Mise à part Caroline, la plupart des filles n’avaient jamais fait autant de camping et vécu de manière aussi rudimentaire. De plus, les filles se connaissaient peu. Malgré tout, une grande complicité s’est installée entre elles. Dans les moments les plus difficiles, elles ont su se soutenir et pousser leurs limites au maximum dans le but de connecter réellement avec la nature.
Remplir sa bouteille d’eau dans une source naturelle, s’abriter, se nourrir, se protéger des intempéries et de la faune… toutes ces petites choses qui nous permettent de vraiment connecter avec nous-mêmes et l’environnement. Chaque douleur ressentie était vécue comme une forme de catharsis.
« Charlotte racontait souvent à quel point son peuple avait souffert. Ses propres douleurs lui rappelaient celles de son peuple, la motivaient à poursuivre le défi et à dépasser ses propres limites. », m’explique Caroline.
Et que dire des paysages?
« Par moments, on se croyait dans Jurassic Park ou même parfois au milieu des vallées dans le film du Seigneur des anneaux! »
Des vallées à perte de vue, des glaciers, des rivières, une faune et une nature riches… et des mouches noires! Eh oui! Pas facile de filmer dans ces conditions, mais les filles ont su relever le défi haut la main!
L’équipe est présentement en phase de montage et souhaite envoyer le documentaire dans différents festivals et événements, dont au Trails In Motion.
Pour en savoir plus : https://www.qamaniq.com/la-grande-aventure
Laura ducharme
Directrice clinique de l’Étoile, pédiatrie sociale en communauté du Haut-Richelieu, Laura a un parcours bien particulier. Travailleuse sociale de formation, elle tente sans prétention de changer le monde, un enfant à la fois. Dans un désir de semer le changement social autour d’elle, elle a parcouru le Québec et une dizaine de pays dans le monde afin de travailler auprès des enfants et des familles en utilisant des approches alternatives telles que le théâtre et le cinéma. Depuis plusieurs années, Laura pratique régulièrement la randonnée pédestre, la course à pieds, la raquette et le vélo. Elle a récemment lancé son blogue personnel Nomade&Vagabonde sur l’impact du plein air sur les enfants et les jeunes ainsi que la démocratisation des activités de plein air. Elle collabore à différents blogues tels que Fit Hippie, Les Inspirés et Vie de parent. Découvrez son blogue personnel www.nomadevagabonde.com/