Il est minuit moins une et… je songe à ce que la définition du mot « confort » signifie pour moi. Le confort ne fera pas partie de mon quotidien pour les six prochains mois ! Le 5 mars prochain, je me lance en solo sur l’un des plus longs sentiers de randonnée pédestre aux États-Unis : l’Appalachian Trail (AT).
Je laisserai derrière moi mes collègues, ma famille, mes amis et mon copain pour un périple de 3 510 km de randonnée pédestre qui traverse 14 États, de la Géorgie au Maine. Pendant toute la durée de ma randonnée, mon chez-moi sera constitué d’un sac à dos de 65 litres rempli uniquement de l’équipement essentiel à ma survie sur la Trail.
Les jours risquent de se suivre et de se ressembler : manger, randonner, manger, randonner, manger encore et encore, dormir et recommencer. La routine va s’installer après quelques semaines, mais les paysages, eux, vont défiler et m’en mettre plein la vue tous les jours, j’en suis persuadée.
Il est minuit moins une et… je pense aux détails que je dois encore fignoler avant le jour « J ». Entre les rendez-vous chez le physio pour apprendre à faire un tapping, mes entraînements intensifs au gym et en nature, les discussions avec ma nutritionniste, mes premiers ravitos nourriture à planifier, j’oublie quasiment que mon départ, c’est dans une semaine !
Je cours après les minutes et j’aimerais que le temps ralentisse un peu pour que je profite de cette belle effervescence qui précède une expédition comme celle-ci.
Il est minuit moins une et… je réalise l’immense opportunité que j’ai de partir six mois et d’être encouragée et soutenue par mes proches.
Étant enfant, j’ai eu la chance d’avoir été initiée au plein air par mes parents. Ils ont fait preuve d’une patience inouïe pour nous emmener, mon frère et moi, essayer toutes sortes d’activités : du ski de fond, des cours de natation, du patin, du ski alpin, du camping et j’en passe ! Mes parents faisaient des pieds et des mains pour organiser ces sorties, aussi courtes qu’elles puissent être (avec deux enfants en bas âge à l’époque qui n’étaient pas toujours très coopérants !), pour nous faire découvrir les joies du plein air. Nous, les enfants, ne réalisions pas complètement la richesse de ces apprentissages.
Il est minuit moins une et… à l’approche de mon départ, on me demande souvent « es-tu prête ? » C’est LA question qui tue ! Suis-je prête ? Est-ce que j’ai oublié quelque chose ? Est-ce que je me suis entraînée suffisamment ? Est-ce que j’ai le matériel adéquat pour faire face aux intempéries ? Est-ce que je suis prête à affronter les défis physiques et psychologiques qui m’attendent ? Aucune idée. Se lancer à pieds joints dans une aventure comme celle-ci, c’est s’assurer d’être aussi préparé que possible, mais c’est aussi accepter que l’on ne contrôle pas tous les facteurs.
En tant que personne organisée et rigoureuse, le laisser-aller, ce n’est pas mon fort, mais à minuit moins une, un sentiment à peine perceptible de perte de contrôle m’envahit tout doucement et en toute honnêteté, je l’accueille avec le sourire. Après tout, c’est un peu ça, l’aventure.
Magalie Hurtubise
S’il y a un mode de transport que Magalie affectionne particulièrement, c’est bien la marche à pied. La nature, qu’elle considère comme sa deuxième maison, est un terrain de jeu qu’elle explore une montagne à la fois. Elle éprouve un sentiment d’humilité face à ces vastes espaces qui ne la laissent pas indifférente. Habitée par un désir de sortir de sa zone de confort, elle repousse ses limites en parcourant de longs sentiers de randonnée qui aiguisent ses réflexes et qui font d’elle une randonneuse aguerrie. Enthousiaste et facile d’approche, elle souhaite faire découvrir le monde du thru-hiking à tous ceux et celles qui, comme elle, ont les yeux brillants d’étoiles quand il est question de randonnée.