À cheval entre le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie
Ne vous laissez pas berner par les allures champêtres de la Matapédia, car derrière les vastes champs rectangulaires aux teintes variées se cachent plusieurs écosystèmes forestiers jalonnés de sommets et de rivières, de lacs et de ruisseaux…
Texte et photos : Dominique Caron
Saint-Alexandre-des-Lacs, Val-Brillant, Causapscal, Amqui et le parc régional de la Seigneurie-du-Lac-Matapédia sont quelques-unes des destinations dans la MRC de la Matapédia que traverse une partie du Sentier international des Appalaches du Québec (SIA-Qc), lequel fait partie du Sentier national au Québec (SNQ). Découvrez-les au fil d’une journée de randonnée ou lors d’un séjour dans la région.
Amqui : patrimoine naturel et architectural
Derrière l’hôtel L’Ambassadeur, le parc Pierre-et-Maurice-Gagné longe la rivière Matapédia au doux débit. Ses sentiers débouchent sur la 132, non loin de la microbrasserie du coin, La Captive, située dans l’ancien hôtel de ville où se trouvait autrefois une salle de réunion ainsi que trois cellules de détention pour des prisonniers! La microbrasserie fait revivre ce pan d’histoire de la ville et du bâtiment en offrant des bières avec des noms comme Innocente, Cachotière, Traître…
C’est dans ce parc que se trouve le pont couvert Beauséjour, qui permet aux piétons de traverser sur l’autre rive. Ce morceau de patrimoine, datant de 1932, a d’ailleurs une histoire assez surprenante : il a été déménagé! Construit dans les années 30, il surplombait alors la rivière Brûlé à partir du chemin Beauséjour, à Sainte-Odile-de-Rimouski. En 2005, le pont, qui avait été laissé à l’abandon, a été déplacé du côté de la Matapédia afin d’être restauré et mis en valeur. Aujourd’hui, on ne peut le traverser qu’à pied ou à vélo.
Parc régional de la Seigneurie-du-Lac-Matapédia
Saviez-vous que le parc régional de la Seigneurie-du-Lac-Matapédia est l’un des premiers à avoir adopté l’appellation de parc régional? Il est aussi unique pour plusieurs raisons. D’une part, parce que l’entrée y est gratuite, d’autre part, parce que certaines activités comme le vélo, la chasse, le VTT et la randonnée peuvent y être pratiqués.
Géré par la MRC de la Matapédia, le parc est situé sur des terres publiques et cela ouvre donc la voie à un éventail de possibilités autant pour le camping sauvage que pour les personnes qui voyagent à bord de leur fourgonnette. Anne-Julie Otis, agente de développement de la MRC de la Matapédia, explique d’ailleurs qu’un nouveau plan de développement a été adopté en 2023. Ce dernier vise à faire encore plus rayonner le parc, qui fait partie des attraits majeurs de la région. Anne-Julie se veut rassurante : pas d’entrée payante à l’horizon. « Le parc est très grand, donc faire payer les gens, ça serait compliqué et ça serait passer à côté du but. Ce qu’on veut c’est que les gens restent plus longtemps au parc. »
Le parc étant situé en bordure de l’immense lac Matapédia, on peut y pratiquer des sports nautiques ou simplement s’installer sur le bord de l’eau pour observer le décor. La baignade est permise, mais il n’y a aucune surveillance sur place. On peut accéder à différents secteurs du parc par plusieurs stationnements : la Pointe Fine, le Dépôt à Soucy, l’ancien Chalet à Soucy et la Baie-de-Charlie.
Plus de sept sentiers sillonnent le territoire. Depuis le Dépôt à Soucy, on peut découvrir la boucle du Lac Caché, qui contourne un petit lac sur deux km. Étant donné qu’il est court et plutôt plat, cela en fait un sentier de choix pour les familles ou pour une marche de fin de journée. Autre argument pour y faire un tour : l’entrée du sentier débute par la traversée d’un pont suspendu plutôt unique! C’est aussi au Dépôt à Soucy que débute le sentier des Trois Sœurs, nommé en l’honneur des trois sommets qui le ponctuent. Il est bien connu par les randonneurs et les randonneuses du SIA-Qc puisqu’il fait partie de son tracé de 650 km qui se termine au km 0 et qui correspond au « Bout du monde », du côté du parc national de Forillon.
Pour 2024, le sentier des Trois-Sœurs s’offre une amélioration considérable afin d’éviter certaines sections comme La Coulée, laquelle était partagée avec les VTT et les vélos. Sa montée permet désormais d’obtenir plus de points de vue et de traverser une flore forestière diversifiée : érables, pins, épinettes, sapins, bouleaux et peupliers. La boucle gagne ainsi quelques kilomètres en distance, mais aussi d’innombrables charmes et même quelques curiosités, comme des watchs (postes d’affût) de chasse un peu étrange fabriqués à partir de matériaux recyclés. On traverse aussi, sur des trottoirs de bois, un secteur marécageux non loin d’une cédrière.
Causapscal, là où le saumon est à l’honneur!
La ville de Causapscal gravite encore autour de la pêche au saumon. On aperçoit encore des pêcheurs et pêcheuses le long de fosses après la confluence des rivières Causapscal et Matapédia. Des parcs urbains ponctuent la rue principale (la 132) qui traverse la ville, où on trouve également le site patrimonial de pêche Matamajaw, dont l’histoire nous ramène aussi loin qu’en 1873. À l’époque, le site était déjà reconnu internationalement et était principalement occupé par un club privé américain, fréquenté par des dignitaires et de hauts fonctionnaires, aux XIXe et XXe siècles. C’est à un certain George Stephen, riche homme d’affaires et président de la Canadian Pacific Railway, à qui l’on doit le club de pêche privé. Il s’agit également de l’oncle d’Elsie Reford, fondatrice des désormais célèbres Jardins de Métis…
Pour les passionné·es d’histoire, des expositions permettent d’en savoir plus sur l’importance de la pêche au saumon dans le développement de ce secteur de la Matapédia. Côté nature, il faut prendre la route vers le Site des Chutes et Marais. On y répertorie environ 3,5 km de sentiers qui relient la chute et le marais, et comme le site est traversé par le SIA-Qc, il est possible de prolonger le plaisir sur ce tracé linéaire. Du côté du secteur de la chute, un escalier de bois permet de descendre jusqu’à la rivière Causapscal et sa série de cascades. La rivière étant hâtive (on y pêche dès le 15 mai!), on peut y voir au printemps les vigoureux saumons remonter le courant pour rejoindre leur frayère! Du côté du secteur du marais, l’eau est plus paisible et invite au calme. On peut marcher sur quelques centaines de mètres en suivant le cours d’eau jusqu’à un petit belvédère où l’on peut lire de l’information sur l’environnement de reproduction des saumons.
Le site est l’initiative de la Corporation de gestion des Rivières-Matapédia-et-Patapédia (CGRMP). Créée en 1980, la corporation a comme mandat de gérer la réserve faunique des rivières Matapédia et Patapédia, depuis 1993. En gros, la CGRMP veille à sensibiliser et à éduquer le public sur l’importance du saumon et de sa survie. Elle surveille également la population en effectuant des inventaires réguliers dans la rivière.
Cet article est initialement paru dans la revue d’été 2024
Ce numéro met à l’honneur des destinations où on peut randonner avec son chien!
Dominique Caron
Après un baccalauréat en communication, Dominique flirte longtemps (et encore aujourd’hui) entre le monde du plein air et de la culture. D’origine abitibienne, c’est à Montréal qu’elle complète son DESS en journalisme et se lance dans la belle aventure de la vie de pigiste. Elle pratique aussi la photographie, d’ailleurs ses amis lui reprochent souvent de prendre un peu trop de photos (et de poser trop de questions) Dominique est rédactrice en chef de la revue Rando Québec.