Ça, c’était moi il y a 20 ans. En toute vérité, ma passion pour le plein air a commencé chez les scouts
Deux ans dans les castors.
Deux ans dans les louveteaux.
Mais je n’en avais aucune idée à ce moment-là.
Quelques années plus tard, j’ai pratiqué le vélo de montagne, fait du camping avec mes parents, foulé plusieurs sommets dans les Adirondacks, les montagnes Vertes et les montagnes Blanches. Je partais toujours plus loin découvrir de nouvelles montagnes, à la recherche d’un nouveau défi. Et puis je suis tombé sur une vidéo You Tube concernant une thru-hike, ce qui veut dire de marcher un sentier longue distance dans son entièreté.
Environ deux ans plus tard, ma décision était prise. Le 10 mars 2017, je partais pour Atlanta en quête de la traversée du sentier des Appalaches (appelé Appalachian Trail ou simplement AT). Pour ceux qui ne connaissent pas ce sentier, c’est un des trois sentiers iconiques aux États-Unis. Il fait plus de 3 500 km et franchit 14 États américains, reliant le mont Springer en Georgie au mont Katahdin dans le Maine. J’avais déjà parcouru au complet la West Coast Trail sur l’île de Vancouver au courant de l’été 2016, mais l’idée de partir pendant plusieurs mois était toujours présente.
Le plus dur est de faire le premier pas. Ça implique tellement! Ça veut dire éventuellement de laisser son travail, ses amis, sa famille et mettre sa vie personnelle de côté pour sauter à pieds joints dans l’inconnu.
Le confort? On va faire une croix là-dessus. Mon lit queen sera remplacé par un matelas de sol d’une épaisseur de 5 cm. Ma chambre de 100 pieds carrés sera dorénavant une tente 1 place où il m’est impossible de m’asseoir. Chaque millilitre d’eau devra préalablement être filtré et n’aura pas toujours la même couleur. Mes repas consisteront principalement en nouilles ramen, patates en poudre, Pop tarts et tortillas au beurre d’arachide. Mais ça faisait longtemps que j’y pensais. J’avais le goût de voyager différemment, de repousser mes limites et voir ce dont j’étais capable.
J’avais beau lire des blogues, regarder des films et acheter le meilleur équipement… Il n’y a absolument rien qui peut te préparer a 100 %.
Imaginez la scène : un beau matin, c’est le jour J, tu prends l’avion, t’as fait ton frais à tes amis que tu vas hiker pendant six mois mais, ce jour là, ta face est un gros point d’interrogation.
Dans quoi je me suis embarqué…
Et si j’échoue…
Et qu’est-ce que les gens penseraient de moi …
Est-ce que j’ai tout… Ou trop?
Je monte à bord, trouve mon siège, met mon cellulaire en mode “avion”… Trop tard pour changer d’idée. Du jour au lendemain, je n’ai plus de lit, de chez moi, de four à micro ondes, d’eau courante, de toilette et de Wi-Fi. J’ai passé de la vie sédentaire dans la ouate à une vie de nomade. Tout ce dont j’aurai besoin pour survivre est sur mon dos et pèse 34 livres, incluant 4 jours de nourriture et 1,5 L d’eau. Je suis devenu de façon délibérée et volontaire un “sans domicile fixe”. Et, sans cesse, je me demande s’il me manque quelque chose et pourquoi je fais ça. Et puis hop! Je m’enregistre à l’accueil, prend ma photo officielle, et c’est parti!
“Mon homme, tu pars à l’aventure et t’as aucune idée comment ça va changer ta vie. Vraiment. Aucune idée.” – Moi du futur
On l’a pas eu facile. “On”? Yep! Marie, une très bonne amie, est venue avec moi pour les deux premières semaines. Pour notre première nuit, au sommet du mont Springer, il a fait -8 degrés. Qui aurait cru qu’en Georgie, un État du Sud adjacent à la Floride, la température pouvait descendre aussi bas? Certainement pas moi!
Les quatres premiers jours ont été d’un froid intense. Toute notre énergie a été consacrée à nous réchauffer pour ne pas tomber en hypothermie. À certains moments, le sentier était si enneigé qu’on devait uniquement se fier aux repères peints sur les arbres (Le sentier est balisé d’un trait blanc peint sur les arbres, appelé “white blaze”. Il y a environ 100 000 marques de peinture au total). Après trois jours, désespérés, nous avons croisé un chemin et avons décidé de retourner en ville pour nous réchauffer dans une auberge de jeunesse.
C’était mon baptême de l’Appalachian Trail. Celui où Dame Nature nous rappelle à quel point nous sommes vulnérables, celui qui nous montre qui est le vrai boss.
J’aimerais vous dire que le reste de la thru-hike s’est bien passé, mais non. Hypothermie, blessures, infections, ampoules, équipement brisé, canicule, neige, blues de la maison, PLUIE! Ce n’était que le début. Pour atteindre Katahdin, je devrai garder mes manches retroussées pour les 130 jours du périple.
Mais, au fond, c’est ce que je recherchais. Où serait le sentiment d’accomplissement si c’était facile?
Laurent Désourdy
Après avoir marché la West Coast Trail sur l’île de Vancouver en 2016, Laurent était à la recherche d’un nouveau défi. Tanné du rythme de vie effréné, il décide de quitter son travail de chargé de projets en génie civil pour partir “thru-hiker” le sentier des Appalaches américain au mois de mars 2017. Ce sentier est un des plus iconiques aux États-Unis, faisant 3 500 km et traversant 14 États américains. Laurent adore la rando pour sa simplicité : profiter pleinement du moment présent, contempler un coucher de soleil, regarder les étoiles ou se retrouver seul avec Dame Nature au sommet d’une montagne. Il est passionné de plein air et aime partager son expérience avec son entourage.