Saviez-vous que grâce à sa qualité environnementale exceptionnelle, la Martinique appartient à l’un des 36 hot spots de la biodiversité mondiale? Je rêve encore de ces lieux regorgeant de ces microclimats variés, tels que des forêts tropicales, des écrins de verdure sillonnés par des rivières aux eaux cristallines, des littoraux devenus des sanctuaires pour de nombreuses espèces fauniques, des mangroves verdoyantes, des pics rocheux aux formes uniques…
À mon avis, « l’île aux fleurs », cette région aux terres volcaniques, offre parmi les plus belles randonnées pédestres dans les Caraïbes! J’ai eu la chance de sillonner plusieurs de ces sentiers afin de vous partager mes 5 coups de cœur, dont la mythique Montagne Pelée.
Texte et photos : Ariane Arpin-Delorme
1- Montagne Pelée
Je ne pouvais manquer de découvrir les sentiers menant à la Montagne Pelée, ce volcan encore actif, comme je cherchais aussi un certain défi. Point culminant (1395 mètres) de « l’île aux fleurs », ce joyau qui fait partie intégrante de l’identité martiniquaise est maintenant inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis septembre 2023.
Accompagnée par Gilles Vicrobeck, Président du Comité de la Randonnée Pédestre de Martinique, je suis partie par le sentier de la Grande Savane à l’ouest, pour redescendre par celui de l’Aileron à l’est. Ce qui implique de prévoir un autre moyen de transport à l’arrivée. Juste traverser la végétation verdoyante de savane d’altitude et admirer les superbes panoramas sur la mer des Caraïbes vaut l’effort. Avec un dénivelé de près de 750 mètres, les pierres à contourner et les marches à monter, je considère ce sentier au moins de niveau intermédiaire.
Une heure plus tard, nous atteignons le bord du volcan, à 1 156 mètres. Mais le sentier de la Caldeira me permet de reprendre notre souffle et de profiter des vues sur le cratère. Jusqu’ici la température est clémente, le soleil brille et le vent a repoussé les nuages. Le cratère a des allures du film du Seigneur des anneaux. Mais arrivés au deuxième refuge, ces derniers reprennent leurs droits et nous donne à peine le temps de bien apprécier de près le cône de 1929, soit le commet du Chinois.
Puis, le sentier bifurque pour descendre abruptement sur le flanc est de la Montagne Pelée. Passé la croix Dufrenois, nous entamons la descente sur la crête en direction du sentier de l’Aileron, d’où nous pouvons apercevoir le premier refuge. Il nous faudra une bonne heure de descente à travers des pierres mouillées de la matinée avant d’atteindre le stationnement où un véhicule nous attend. Mais quelle expérience! Moi qui ai randonné un peu partout dans le monde, je dois avouer que les vues sur la Montagne Pelée et les alentours resteront gravées dans ma mémoire longtemps!
Effort : Assez difficile / Technicité : Difficile / Durée : 4 h / Longueur : 4,6 km / Dénivelé : 750 m
Crédit photo : Mini Bonz Unsplash
2- Montagne du Vauclin
J’ai pu gravir les pentes raides de la Montagne du Vauclin. La récompense d’arriver au sommet culminant du sud de la Martinique et d’observer le panorama a valu la peine! Je suis partie du point Ensfelder situé déjà à 504 mètres afin de traverser une végétation colorée et parfois même endémique comme un ananas spécifique de la montagne. La petite chapelle Notre-Dame-Des-Sept-Douleurs à flanc de montagne m’a permis de faire une halte méritée à l’observatoire. Il faut dire que ce parcours est aussi en fait un haut lieu de pèlerinage lors des fêtes religieuses. Mais comme la descente des quatorze stations sur le chemin Calvaire se réalise à l’aide de cordes, à mon avis, il faut être un marcheur assez expérimenté! Du moins, à éviter en temps pluvieux. Le guide me partage que ce sont ses ancêtres qui ont planté une foule d’arbres fruitiers et autres espèces sur les pentes pentues de la Montagne du Vauclin : figuier rouge, abricotier-pays, avocatier, manguier, canari-macaque, teck, gros café, gigantesques bambous… J’y ai aperçu quelques colibris autour des roses de porcelaine ouvertes.
Effort : Peu difficile / Technicité : Peu difficile (avec cordes) / Durée : 3h / Longueur : 3,5 km / Dénivelé : 340 m
Crédit photo : Guide Martinique
3- Savane des Pétrifications
Autant, j’ai adoré la Montagne Pelée pour sa vue à couper le souffle sur le nord de l’île. Autant avec la Savane de Pétrifications, j’ai été éblouie de me retrouver au cœur de cette petite zone pierreuse, quasi désertique et dominée par les cactus. Ce jour-là, il faisait déjà très chaud malgré l’heure matinale. J’ai débuté sur un sentier forestier qui longe l’anse à Prunes, une plage sauvage, bordée de cocotiers et quasi déserte. La vue sur l’île Cabrit et son phare est à tomber! Un parcours entre la mer et une grande étendue de terre où les herbes hautes de couleur paille ondulent sous le vent. Puis, c’est là que j’ai découvert la plage de Grande Terre des Salines (la petite soeur de la Grande Anse des Salines). Un véritable paradis composé de plages sauvages et d’eaux turquoise!
J’arrive ensuite dans une sorte de marais avec un charmant pont en bois marquant le début de la Savane des Pétrifications. La traversée n’est pas si facile, car les rochers sont un peu glissants et espacés. Je peux apercevoir au large la Table du Diable.
Puis, j’ai abordé la partie la plus aride du parcours, où l’érosion a totalement fait disparaitre la végétation et il ne reste plus que la roche granuleuse de couleur ocre. J’ai eu l’impression de me sentir presque sur une autre planète! Je longe la côte en passant par l’anse Écluse et l’anse Braham. À la suite d’une bonne montée, surplombant la mer de ces falaises dures et abruptes, une immense plaine aux herbes folles et jaunes s’étend à perte de vue : la Pointe d’Enfer. Les vagues se fracassent sur les rochers avec force tandis que le vent me fouette le visage. Le sol a changé de couleur : il y a du rouge, de l’ocre et du marron. Au loin, se dessine l’anse Trabaud : une plage de sable blanc cernée par un lagon à l’eau bleue.
Pour le retour, je préfère prendre par la plaine au lieu de longer la côte. Là, devant moi, une étendue sèche et aride tel un mini désert me sépare du pont. Le sol est craquelé sous l’effet du soleil brulant. Plus que quelques mètres et j’arrive enfin à mon point de départ afin de me rafraichir dans la mer.
Effort : Facile / Technicité : Facile / Durée : 2h / Longueur : 4 km / Dénivelé : 30 m
4- Sentier littoral du Diamant
Comme je logeais tout près, j’ai apprécié diverses perspectives sur le rocher du Diamant. Mais surtout en parcourant le sentier côtier récemment mis sur pied. Les Britanniques s’emparèrent de ce rocher au début du XIXe siècle et y laissèrent quelques soldats pour narguer la marine française. Aujourd’hui, le rocher du Diamant, emblème du sud de la Martinique, représente un refuge de la faune aviaire et marine extraordinaire, aussi protégé depuis 1994.
Peu de difficultés et parcours ombragé au début du sentier. J’ai aussi eu l’occasion de découvrir un ancien four à chaux. La traversée de quelques tronçons de mangrove m’a permis de découvrir un écosystème et éventuellement un phénomène naturel en période de sécheresse. Une algue présente dans la mangrove produit une teinte rose à l’eau lorsque la salinité augmente. La suite du parcours m’a ramené au sein de la forêt xérophile du littoral du Diamant pour me rapprocher de la mer et du Marigot du Diamant. A l’arrivée j’ai découvert une vue panoramique sur la plage de Diamant.
Effort : Assez facile / Technicité : Facile / Durée : 4h30 / Longueur : 11 km / Dénivelé : 50 m
Crédit photo : Weronika Unsplash
5- Trace des Caps
Je ne pouvais pas non plus passer à côté de l’une des randonnées pédestres les plus réputées de Martinique. Mais c’est également la plus longue! Cet itinéraire, qui reste le plus souvent en bord de mer, m’a permis de découvrir le sud de la côte atlantique avec sa barrière de corail et ses magnifiques plages de sable blanc.
On décortique en fait cette randonnée en cinq tronçons distincts. Je partage ici ce qui m’a plu davantage : Une succession de plages au milieu d’une large cocoteraie ; le Cap Beauchêne sur lequel est juchée la petite chapelle de la Vierge des Marins ; l’Anse Grosse Roche, sauvage ; la Pointe Macré avec sa roche percée en forme de cœur ; beau panorama sur la côte à la Pointe des Ebichets ; magnifique plage de l’Anse Michel et le Cap Chevalier où il a été bien difficile de ne pas me baigner ; l’Ilet Chevalier ; via la petite plage de la Pointe Coton qui marque l’entrée de la grande mangrove de la baie des Anglais, un site désormais classé, avec sa faune caractéristique de zone marécageuse ; l’Anse Trabaud, l’une des plus belles plages de Martinique pour rejoindre la Pointe des Salines. Ma randonnée s’est terminée en longeant le bord de mer jusqu’au bourg de Sainte Anne avec ces belles plages! J’étais quand même crevée après cette rando!
Effort : Difficile / Technicité : Difficile / Durée : 12h / Longueur : 27 km / Dénivelé : 400 m
Ariane Arpin-Delorme
Le grand engouement d’Ariane pour la randonnée n’est plus un secret! D’aussi loin que sa mémoire se souvienne, elle intègre cette discipline au travers de la plupart de ses explorations. Ayant voyagé dans plus de 80 pays, elle s’est donné la chance d’enchaîner plusieurs longs périples, dont une cinquantaine en solo, et elle s’est maintenant éprise pour le monde polaire! Ariane continue toujours d’encourager une foule de projets de conservation de la faune et de protection de l’environnement, surtout en Afrique, mais par l’entremise de son agence de voyages Esprit d’Aventure. Accompagnée d’études collégiales et universitaires en tourisme et en enseignement de celui-ci, Ariane est également conférencière. Elle passe actuellement le plus clair de son temps à œuvrer comme journaliste (pour une dizaine de médias) et autrice (5 livres co-écrits et plusieurs projets en cours).
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