Texte publié dans la revue de printemps 2018
Texte et photos : Claude P. Côté
Pays situé au carrefour de l’Europe et de l’Asie, entre la Russie et la Turquie, voilà la Géorgie. Des hautes montagnes du Caucase jusqu’aux berges de la mer Noire, cette contrée antique regorge de richesses uniques et d’attraits exceptionnels. Bastion du christianisme depuis le IIIe siècle, on dit même que c’est dans ce pays qu’aurait commencé la culture du vin.
Tbilissi, le point de départ
Dès notre arrivée à Tbilissi, la capitale, nous découvrons un peuple résolument tourné vers l’Occident. Malgré son modernisme, cette ville a su protéger ses trésors ancestraux.
Il faut s’engouffrer dans le labyrinthe de la vieille ville avec ses maisons typiques aux 1 000 balcons de bois multicolores pour s’imprégner de son passé. C’est en s’attaquant aux pentes abruptes de ses rues étroites que le visiteur accède aux plus somptueux panoramas, dont le point culminant est la forteresse de Narikala. Cette citadelle, vieille de deux millénaires, façonnée tour à tour par les Ottomans, les Perses et les Géorgiens, en a bien long à raconter. Mais, pour l’instant, c’est à ses points de vue admirables sur la ville que notre regard s’accroche avant tout. Les toits des vieux quartiers, le fleuve Koura, les temples de toutes religions et, juste derrière, sur 180 degrés, les collines verdoyantes du vaste Jardin botanique. Au loin vers l’est, d’autres coteaux sont à portée de vue. Les collines Sololaki et Mtatsminda nous y attendent avec d’autres sentiers pédestres à découvrir pour y admirer la capitale.
Le mont Kazbek
Avec ses 5 047 m, le mont Kazbek, un des plus hauts sommets d’Europe, est la montagne emblématique de la Géorgie et l’un des treks les plus prisés du Grand Caucase. Pour ceux qui rêvent d’atteindre sa cime et ses neiges éternelles, le meilleur moment est en juillet et il faut compter trois jours avec un guide expérimenté, seulement pour s’y rendre. Pour nous qui visitions en mai, un seul jour dans ces montagnes nous a suffi pour combler notre appétit des plus splendides paysages.
Voir le mont Kazbek à partir du village de Stépantsminda au fond de la vallée est une véritable scène de carte postale. À l’inverse, admirer cette bourgade à partir de la montagne est un tableau tout aussi inoubliable. Il faut au moins gravir le sentier principal jusqu’à l’église de Guerguéti, véritable chef-d’œuvre médiéval datant du XIVe siècle, où résident encore quelques moines. Et que dire du mont Kazbek au clair de lune! Vu du village, ce sommet enneigé est comme une pyramide phosphorescente.
De notre point de départ, nous demandons à un taxi de nous conduire dans la vallée de Sno, jusqu’au village de Djouta. Situé à 2 200 m d’altitude, c’est le deuxième plus haut village habité d’Europe. En hiver, pas de route; que la neige! Nous marchons longuement au fond d’une profonde vallée sans trop savoir où ça nous mène. Mais peu importe! La beauté des lieux est notre récompense. Puis arrive une jeep; ce sont les gardes–frontières. La Russie est juste là, derrière la montagne, et c’est interdit de s’en approcher. De retour à Djouta, nous nous engageons sur un sentier qui monte entre les montagnes. C’est encore plus beau! Mais vient vite l’heure de rebrousser chemin, car le taxi que nous avions convié pour 18 h va nous attendre. Le chauffeur nous accueille avec un verre de chacha, un alcool maison à plus de 40 %, véritable boisson nationale. La coutume veut qu’on l’avale « cul sec ». Le même scénario se répète chez l’aubergiste qui nous reçoit pour la nuit. Il faut un estomac solide.
Les monastères troglodytes de David Garedja
Au sud-est de Tbilissi, au milieu de vastes steppes semi-désertiques près de la frontière de l’Azerbaïdjan, subsistent les vestiges de grottes monastiques creusées dans le calcaire. C’est ici que fut fondé, au VIe siècle, l’un des plus vastes complexes monastiques de tout le Caucase, comprenant 19 monastères, disséminés dans les falaises des environs. En 1615, un envahisseur, le Chah Abbas d’Iran, tua 7 000 ermites : un drame dont la communauté chrétienne orthodoxe du lieu ne s’est jamais remise.
Aujourd’hui, quelques moines occupent encore un des monastères restaurés, celui de Lavra. De ce lieu, il est intéressant de poursuivre l’ascension du sentier jusque sur la crête de la colline de ce complexe. Du sommet, on découvre les vastes plaines désertiques de l’Azerbaïdjan. Mais la plus grande surprise se situe sur le flanc sud de la colline, en bas de l’unique petit monastère de l’endroit, là où peu de randonneurs s’aventurent. On peut y voir de nombreuses grottes recouvertes de fresques rupestres datant du Xe au XIIIe siècle, peintes par les moines de l’époque.
Borjomi
Depuis l’époque des tsars de Russie, cette région est réputée pour ses stations thermales et son eau minérale naturelle. Même après la Révolution russe, les membres haut placés du parti continuaient à y affluer. La région attire aussi les amateurs de plein air. Le parc national de Borjomi-Kharagaouli est l’un des plus grands d’Europe et le plus vaste des 18 parcs nationaux et réserves naturelles que compte la Géorgie.
Dans la région, la visite de la forteresse troglodytique de Vardzia s’impose. Ce complexe monastique fortifié construit à flanc de falaise par la reine Thamar au XIIe siècle est un chef d’œuvre unique en son genre. Plusieurs milliers de moines vécurent dans cette termitière géante. Malgré un tremblement de terre qui ravagea le site en 1283, on retrouve encore aujourd’hui 450 salles creusées dans le roc et reliées entre elles par un réseau d’escaliers, de tunnels et d’aqueducs, s’élevant sur 13 niveaux.
La Géorgie
Quand, quoi, où et comment?
Par Sonia Léveillé
Qui l’eut cru, il fait plus chaud en Géorgie qu’au Québec! En été, il peut faire jusqu’à 40 °C à Tbilissi et, l’hiver, 10 °C. Mais la température baisse rapidement en montagne. Ainsi, mai, juin, septembre et octobre sont des bonnes périodes pour le tourisme dans la capitale, et de juin à septembre pour la marche en montagne.
Un lexique de quelques mots ou phrases en géorgien. Les jeunes parlent souvent anglais ainsi que dans les centres touristiques, mais si vous allez en région ou prenez le transport collectif, le géorgien est à l’honneur. La monnaie nationale est le lari.
Un lexique de quelques mots ou phrases en géorgien. Les jeunes parlent souvent anglais ainsi que dans les centres touristiques, mais si vous allez en région ou prenez le transport collectif, le géorgien est à l’honneur. La monnaie nationale est le lari.
Les Géorgiens ont une conduite très singulière et toujours très vite. Ceux qui se déplacent lentement se font dépasser partout. Et les voitures ont autant de volants à droite qu’à gauche. Je suggère le transport collectif, qui est à prix très abordable. Le métro à Tbilissi, moderne et efficace, ne coûte que 25 ¢ par passage. Même chose pour l’autobus. Pour le transport en région, nous avons préféré les marchroutka, minibus faisant office de taxis collectifs, à prix dérisoire.
Le coût de la vie est bas en Géorgie et le logement y est abordable. À Tbilissi, vous pouvez loger dans une petite auberge coquette, propre et bien située, pour 60 $ la nuit. En région, nous avons logé chez l’habitant (voir sites Internet d’hébergement), toujours bien situé, pour des prix variant de 20 $ à 40 $ la nuit. Le gouvernement appuie ces initiatives des habitants et les touristes sont toujours les bienvenus. Les Géorgiens sont très accueillants, serviables et curieux de nous connaître. Ils n’hésitent pas à nous offrir, dès notre arrivée, un petit verre de chacha, alcool local, et ce, même à 10 h le matin!
Claude P. Côté
Adolescent, il rêvait de parcourir le monde. À 23 ans, il a tout abandonné pour rouler sa bosse avec son sac à dos en Afrique du Nord, en Europe et en Asie. Son plus long voyage a duré 18 mois et c’est là qu’il s’est découvert une passion pour la marche. C’est la façon par excellence de découvrir le monde. Sa carrière comme photographe lui a permis de combiner cette passion avec la randonnée pédestre. Depuis près de 20 ans, il collabore à la revue de Rando Québec. Il adore marcher et faire des découvertes… et il aime tout autant en témoigner par l’écriture.