En cette période de pandémie, plus que jamais nous avons besoin d’un retour à la nature, d’une reconnexion intrinsèque avec elle. Alors que le défi des 5 sommets bat son plein, je troque mon projet de la traversée du parc de la Gaspésie par un retour enivrant à Charlevoix. Un hic, vous me direz ? La température ce week-end s’annonce mauvaise … Est-ce vraiment un hic ?
Texte et photos : Charly D.
Après avoir grimpé l’Acropole des draveurs, le 2eme mont de ma liste est le mont à Ligori. Pour votre nuitée, je vous conseille la coopérative de solidarité de l’affluent : Adorable. Gérée par des jeunes gens au caractère humanitaire très fort. On sent la volonté à la fois alternative, écologiste et communautaire dans la démarche. Les sites de camping autant que les espaces à partager, témoignent de cet esprit créatif et solidaire. Un petit monde qui mérite d’être connu !
Au pied du mont à Ligori, le matin se lève et nous aussi, un café home made à la main et contre toute attente … Un ciel nuageux qui flirte avec le soleil !!
La trail possède un dénivelé de 782 m sur 15,4 km aller-retour au départ du domaine, par une belle érablière qui laisse place tranquillement mais abruptement à une bétulaie sapinière. Notre marche va bon train, rythmée par la soif d’Axé, le pitou de la gang, qui a besoin d’eau sous cette chaleur intense. Arrivée au belvédère, la vue est superbe mais quelque peu obstruée par la brume de chaleur. On sent cependant l’étreinte du fleuve et de la montagne. Nous décidons de ne pas revenir sur nos pas comme le prévoit le sentier, mais nous continuons la crête pour attraper la trail du Luberon et redescendre par un chemin de traverse peu conventionnel : celui de la station de ski. Pourquoi ne pas emprunter une pente ouverte menant directe au fleuve ?! Car tout le monde le sait, tous les chemins mènent au domaine à Ligori !
Après 5 heures de montée et de descente abrupte, nous terminons notre boucle improvisée et nous prenons le chemin de Baie-Saint-Paul pour un détour chez ‘’Tony et Charlo’’. Une bière bien fraiche nous attend avant de s’exiler à nouveau dans la nature. C’est au dépanneur du Lac Brûlé à Saint-Aimé-du-Lac que les droits d’accès pour les Monts Morios s’achètent, avant de se s’engouffrer sur un sentier de gravelle que votre auto n’appréciera pas toujours. Le paysage est déjà délectable et j’ai hâte que mes souliers foulent le sentier sur cette ascension qui promet de nous mettre plein la vue.
Il est coutume de planter sa tente près du parking au départ du mont. Beaucoup de monde sont déjà présents, la notoriété du mont nous surprend quelque peu et pas tant que ça à la fois …. Nous nous éloignons proche d’une rivière pour bivouaquer à 1 ou 2 km, pour plus de quiétude. Le lieu est de toute beauté et nous nous endormons paisiblement après un bon souper, aux piqures des brûlots et le chant de la rivière. Demain les monts Morios seront à nous, à vous, à eux bref, à une belle communauté de marcheurs passionnés.
Dans ma tête, je faisais le grand tour de 29 km à travers le sentier des chutes montant au sommet des Morios en une seule journée. Mais le conseil était bon : rien ne sert de courir si tu ne peux pas apprécier le paysage qui t’entoure, les yeux rivés sur tes bottes. Je reviendrai donc cet automne pour le réaliser sur deux jours afin de prendre le temps de le vivre et de le contempler en campant au sommet.
Le mont, c’est 725 m de dénivelé sur 11 km sur une boucle passant par les Morios sud et nord. Il pleut et pis ?! L’ascension est magnifique mais technique sur le sentier expert glissant et bouetteux. Je conseille de le monter et non de le descendre sous cette température.
Je me délecte du petrichor… l’odeur spécifique de la terre après la pluie.
Arrivée presque au sommet sud, j’aperçois au loin le lac Boudreault où nous avons campé cette nuit et d’où je suis partie il y a 1h30 … WoW ! Le mont Morios sud offre un panorama époustouflant sur 360 degrés. Une vue splendide sur le Mont nord d’un côté et de l’autre le Mont Dufour et le Pic de l’aigle. La pluie a cessé. La brume d’après pluie se lève depuis la vallée et m’enveloppe d’un drap laiteux. Je prends une pause dans ce nuage de paix.
Je longe ensuite les crêtes jonchées d’Inukshuk afin d’atteindre le gros mont nord. Lors de la descente, la pluie bat de nouveau son plein et la brume nous rejoint encore. Mes yeux se sont déjà régalé de la vue, je suis prête à me faire envelopper par ce nuage humide et froid de nouveau. La pluie est rafraîchissante sous cette chaleur. Lors de températures variables et humides, le goretex est notre meilleur ami.
Cependant, lorsque vous avez des vêtements de rechange et qu’il fait très chaud en période estivale, je vous conseille de vous laisser rafraîchir par la pluie plutôt que de suer dans votre goretex. Bien chaussée dans mes Lowa, mes pieds sont au sec. Il fait si chaud que je me laisse tremper. Le principal à garder au sec ce sont vos pieds et votre sac grâce à son capuchon hydrofuge.
La température pluvieuse donne une lumière mystérieuse au sous-bois. C’est une aura que j’apprécie tout particulièrement. En emmenant vos enfants randonner sous la pluie, ils apprécieront sûrement de sauter dans la bouette laissée par les dédales d’eau de ruissellement. Du bon temps en pagaille qui leur laisseront des souvenirs joyeux et indélébiles.
Cette lumière énigmatique me fait penser à de sages paroles de Confucius : « Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres ». Cela s’applique fort bien à regarder l’orage et la pluie sous un autre angle, celui qui nous montre à quel point les rayons du soleil percent au travers des nuages, à chacun de nos pas ! Prenez du plaisir en plein air sous toutes les températures, votre âme d’enfant s’en réjouira !
La suite du défi se ponctuera par l’ascension du mont du Dôme et celui du Menaud … Mais au terme, un mont mystère sera révélé, pour faire durer le plaisir de cette cavale sur les hauteurs de Charlevoix.
Pour plus d’infos sur le défi des 5 sommets de Charlevoix 2020 :
https://www.tourisme-charlevoix.com/quoi-faire/routes-et-circuits/defi-5-sommets/
Charly dupasquier
Charly est une vraie tornade amoureuse de la vie qui partage avec passion, humour et énergie son expérience plein-air, ses découvertes en sentiers, ses connaissances du milieu naturel et de la survie. Biologiste marine pour le ROMM, artiste et guide d’aventure pour son amoureux (à Zone Aventure et SEBKA), elle est aussi yogi, marcheuse, kayakiste, et dévale les montagnes sur son vélo MTB. Mais c’est surtout la longue randonnée en autonomie, été comme hiver, qui rythme sa vie. Des fjords à la Baie de Fundy, en passant par les Monts Groulx, le SIA et les Parcs, peu importe la durée, elle désire, à travers ses écrits, donner des ailes aux gens qui rêvent de nature sauvage, leur apprendre à se faire confiance et à se lancer dans l’aventure eux aussi. Ses prochains gros défis : la traversée du SIA et le parc de Gros-Mornes, tout en préparant un voyage en vanne à travers tout le Canada qui les mènera à la traversée de la West Coast trail. Suivez-la sur Instagram et sur Facebook.