Sécuritaire
On procède en premier lieu à une observation minutieuse des lieux. On doit éviter de s’installer trop près d’un ruisseau, puisque le niveau peut monter rapidement au cours de la nuit. De même, on évitera les cuvettes entre deux versants, l’eau de pluie ou de ruissellement pourra s’y amasser. De plus, le creux d’un vallon constitue une fosse à froid naturelle, on n’y campe pas sauf par temps très chaud.
On veille à se positionner à l’abri du vent, même s’il ne vente pas au moment où on installe le camp. Donc, une crête et le haut d’une colline ne conviennent pas. On se tient à quelque distance d’une falaise, et même d’une pente abrupte, pour éviter les chutes dans l’obscurité. À l’inverse, on inspecte soigneusement une paroi voisine d’où des pierres pourraient se détacher.
Une odeur forte peut signaler la présence d’un terrier de renard ou d’un habitat de mouffette, on s’en éloigne.
On fait un tour d’horizon de la végétation : on observe le sol afin de déceler une piste formée par le passage fréquent d’animaux tels que castors et cerfs, une fourmilière souvent dissimulée par des herbes ou des feuilles, la présence de plantes urticantes telles le sumac vénéneux (herbe à puces) ou l’ortie. En levant les yeux vers la cime des arbres, on recherche la présence d’une éventuelle « faiseuse de veuve », i.e. une branche ou une tête d’arbre cassée, en équilibre plus ou moins stable sur d’autres branches et qui pourrait nous tomber dessus à tout moment. (photo ci-bas)
Il faut également s’assurer qu’un arbre un peu éloigné du campement offrira un support adéquat pour le sac à ours, et qu’un espace dégagé, une large pierre, permettra un feu de cuisson, qui sera distant de l’espace de couchage d’une bonne vingtaine de mètres au moins.
Pratique
Après cet examen qui assure que le site choisi est sécuritaire, on accorde de l’importance à son aspect pratique.
Y a-t-il une zone dégagée, sans sous-végétation, suffisante pour monter la tente ou la bâche? Ou encore des arbres solides dont l’écartement permet d’installer un hamac?
Le sol est-il assez meuble pour y enfoncer des piquets, quel que soit le système de couchage?
Sera-t-il possible d’orienter l’abri avec l’ouverture vers l’est, le vent et la pluie venant majoritairement de l’ouest et du nord-ouest?
Y aura-t-il une zone sans ombre le lendemain pour faire sécher la rosée du soir et du matin sur le matériel de couchage?
Un regard circulaire autour du site permet-il de déceler une bonne quantité de bois mort disponible pour le feu?
Le point d’eau est-il accessible sans risque?
Photo : Non-exemple de bivouac dans une cuvette
Maintenant que les côtés sécuritaire et pratique sont assurés, on peut penser à son confort.
Un sol plat et à niveau, exempt de bosses, trous, racines, roches indélogeables (se coucher à l’endroit prévu permet de déceler une éventuelle inclinaison).
Un sol moelleux et sec, couvert de terre ou d’aiguilles de pins, (éviter la mousse, une véritable éponge, de même que le sable, qui colle au nylon et s’insinue partout, fuir les galets si on n’a pas un matelas gonflable épais, et les plantes aux petites branches acérées qui perceront le matériel)
L’espace doit être assez grand pour circuler autour de l’abri, et une petite brise bien douce chassera les insectes volants et la fumée.
Agréable
Le dernier critère est un luxe, qu’on peut laisser tomber sans ennui mais qui rendra le bivouac mémorable si on a la chance de se retrouver dans un joli décor bucolique ou au contraire mystérieux et enveloppant, qu’on peut orienter le campement de façon à jouir d’une belle vue le soir ou le matin en s’éveillant, et qu’il offre un cadre enchanteur pour les photos à rapporter de ce bivouac. Il va de soi que ces considérations ne font pas le poids face à la sécurité, à l’aspect pratique et au confort, tels que vus précédemment.
Dans un prochain billet, nous verrons la chronologie des gestes à poser quand on arrive au lieu de bivouac.
teacher sbd
Enfant, c’est en famille qu‘elle a connu le camping rustique et les promenades en forêt. Adolescente, elle emmenait son équipe de guides dans les bois au moindre congé. Adulte, c’était les camps, les excursions, les couchers à la belle étoile avec ses guides et avec ses amies. Puis son mari et ses deux enfants sont arrivés, elle les a initié aux plaisirs de la vie dans la nature, tout en poursuivant une carrière de prof d’anglais au primaire (Teacher!). Aujourd’hui, elle parcourt les sentiers, dormant sous son abri de toile en toutes saisons. Membre du forum Instinct-de-survie.ovh depuis 2013, elle fait maintenant partie de son équipe d’administrateurs; elle collabore également au magazine français Survival. La longue randonnée en autonomie, elle en rêvait depuis le premier lean-to du SIA aperçu quand elle avait 9 ans, et c’est principalement sur l’incomparable Sentier national qu‘elle poursuit ce rêve encore et encore.
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