Publié dans l’édition automne 2016 | Volume 28 numéro 1
La randonnée pédestre, on adore ça… quand tout va bien. Malheureusement, parfois les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Un accident, du mauvais temps, un GPS en panne, une carte qui part au vent (un élément à la fois, pas tout en même temps), et le moment de détente en pleine nature peut devenir un vrai cauchemar. Dans une telle situation, on espère vivement que quelqu’un vienne nous chercher!
Justement, à Rando Québec, on s’est dit qu’il serait intéressant de rencontrer ceux-là mêmes dont le rôle est de venir à notre secours. Un rendez-vous a donc été pris avec l’Équipe de recherche et sauvetage de la Sûreté du Québec (SQ). L’Équipe est basée dans l’arrondissement Saint-Hubert, à Longueuil en Montérégie, et couvre la totalité du territoire québécois, en s’appuyant sur des bureaux régionaux pour les interventions locales. Sept personnes – un sergent et six agents – sont affectées exclusivement à cette tâche et peuvent compter sur un hélicoptère d’intervention et plusieurs pilotes, commandants, chargés de mission et mécaniciens. Les membres de l’équipe sont formés pour évoluer dans à peu près toutes les situations : neige, froid, montagne, forêt, plan d’eau, nuit, etc. On ne choisit pas son intervention et il faut être prêt à toute éventualité.
Nous voilà donc dans la salle des « comm », dans les locaux de la SQ à Saint-Hubert. Nous sommes préparés comme il se doit pour une entrevue classique. Nous aurons le temps de poser deux questions sur les 17 que nous avons prévues, lorsque survient un appel d’urgence pour l’Équipe de recherche et sauvetage. Et ce qui devait être une rencontre classique se transforme en quelques secondes en intervention en direct.
Une routine pas comme les autres…
Tout le monde est déjà debout, les automatismes se mettent en marche et nous, on se fait petits. Le pilote est appelé et, cinq minutes plus tard, il est sur le tarmac. Le technicien est déjà en train de préparer l’hélicoptère pour l’intervention. Il connaît son appareil par cœur, vérifié après chaque sortie. L’équipage doit pouvoir compter sur lui. Du côté des membres de l’équipe, on se prépare. Pour le moment, on a très peu d’information sur la nature et le lieu de l’intervention. Mais peu importe; il faut aller vite et faire ça bien.
Nous assistons à la préparation et voyons très bien que tous ces gestes ont été répétés 1 000 fois; pas un seul moment d’hésitation, pas de panique, pas de questions, chacun sait ce qu’il a à faire et connaît le matériel dont il est responsable. Ce qui ressort aussi, c’est la complicité et la confiance mutuelle dans cette équipe. Chaque personne est dépendante d’une autre pendant la mission. Le pilote gère son appareil, le commandant s’occupe de toute la gestion du vol, le chargé de mission responsable de l’opération policière et du treuil seconde les yeux du pilote pour tout ce qui se passe en bas et est responsable de la vie de celui ou de ceux qui se balancent une cinquantaine de mètres en dessous. En plus des trois personnes liées à l’appareil, s’ajoutent deux sauveteurs prêts pour l’intervention. Les renseignements arrivent petit à petit. L’équipe doit se rendre loin, dans l’est du Québec. Le plan de vol est adapté en conséquence. Il faudra faire le plein en route, car l’autonomie de l’hélicoptère n’est que de deux heures trente. On s’informe de la météo, qui annonce une dépression. En quelques minutes, tous ces renseignements doivent être analysés et organisés pour ne pas compromettre la mission. Tout le monde est prêt. À bord, chacun est concentré sur ce qu’il a à faire. L’hélicoptère décolle. Est-ce qu’il arrivera à temps? Peut-être pas; mais il est clair que l’équipe fera tout son possible pour y arriver.
Soyez prêts
L’appareil est maintenant loin. Retour à notre réalité. Nous prenons le temps de discuter avec les membres de l’équipe restés à la base. On voit avec quelle passion ils nous parlent de leur travail. Il y a aussi une certaine inquiétude face à une réalité qui change vite ces dernières années. Le plein air est de plus en plus accessible, ce qui est une très bonne chose en soi, mais les pratiquants, eux, ne sont pas toujours suffisamment informés ou préparés, ce qui fait augmenter de manière significative le nombre d’interventions.
C’est d’ailleurs le conseil que l’on pourrait donner aux randonneurs et autres amoureux du plein air : soyez prêts. Informez-vous, adoptez les bons réflexes, avant, pendant et après vos sorties. Apprenez à devenir autonomes dans votre pratique et amusez-vous de manière sécuritaire. Ces petits détails vous permettront sûrement de ne pas avoir à composer le 911 lors de vos randonnées.
Les bons réflexes
- Préparez votre randonnée
- Ne randonnez pas seuls
- Prévenez quelqu’un de votre itinéraire et de votre programme
- Ayez avec vous carte et boussole, et sachez vous en servir
Les essentiels
- Eau
- Nourriture
- Lampe
- Couteau
- Téléphone
- Vêtements de pluie
- Vêtements chauds
- Trousse de premiers soins
- Petite bâche (pour abri de fortune)
Grégory Flayol
Ayant grandi dans les alpes, jouer dehors à tout de suite été une évidence pour Greg. Amoureux du Voyage, il a découvert le Québec il y a 15 ans et c’est maintenant sa maison. Formé en éducation physique et en intervention sociale, il est aussi un professionnel du ski et du snowboard. Son rêve : transmettre à ses enfants sa passion pour le plein air. Aujourd’hui à Rando Québec, il est en charge de coordination provinciale du projet Sentier National.